La version grecque ou Septante

Au 3e siècle av. J.-C., les Juifs qui résident en Égypte, à Alexandrie, désirent une traduction de la Bible dans leur langue habituelle, le grec. La légende veut que le souverain Ptolémée II Philadelphe (285-246 av. J.-C.), mécène de la fameuse bibliothèque d’Alexandrie, ait commandé ce travail à soixante-douze savants qui, isolés les uns des autres dans l’île de Pharos, seraient néanmoins arrivés à la même traduction !
 
Cette traduction, appelée à cause de cela  »Septante », concernait en premier lieu les 5 livres de la Torah ou Loi. Puis, jusqu’au 2e siècle ap. J.-C., d’autres livres ont été traduits. Les premiers chrétiens, dont un certain nombre étaient de culture grecque (le Nouveau Testament est entièrement écrit en grec), citent l’Ancien Testament presque toujours dans la version de la Septante.

La Septante présente un classement des livres en quatre ensembles (Loi, Histoire, Poésie, Prophétie) et non pas en trois comme dans la tradition hébraïque (Loi, Prophètes, autres Écrits). De plus, elle intègre des livres rédigés à une période plus récente soit en grec soit en hébreu. Elle propose aussi des versions plus longues des livres d’Esther et de Daniel. C’est à partir de la Septante que l’on a commencé à donner des titres aux différents livres : Genèse, Exode, Lévitique etc.

Voici cette liste non-officielle de livres lus entre le 3e siècle av. J.-C. et le 2e siècle ap. J.-C. par les Juifs de culture grecque :

• Pentateuque ( =  »Cinq livres » , la Loi) : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome

• Livres historiques : Josué, Juges, Ruth, 1 et 2 Règnes (= 1 et 2 Samuel), 3 et 4 Règnes (= 1 et 2 Rois), 1 et 2 Paralipomènes ( = Chroniques), Esdras 1 , Esdras (= Esdras+Néhémie), 3e livre d’Esdras (adaptation grecque du précédent), 4e livre d’Esdras (ou Apocalypse d’Esdras), Prière de Manassé, Esther (+ supplément grec), Tobie, Judith, 1 et 2 Maccabées, 3 et 4 Maccabées

• Livres poétiques : Psaumes (avec un psaume supplémentaire : n°151), Odes, Proverbes, Qohélet, Cantique des Cantiques, Job, Sagesse, Siracide, Psaumes de Salomon

• Livres prophétiques : Isaïe, Jérémie, Lamentations, Baruch, Lettre de Jérémie, Ézéchiel, Daniel (+ suppléments grecs), les Douze prophètes

Cette liste n’a jamais été définie de manière autoritaire. On y trouve :

• … tous les livres qui seront sélectionnés ensuite par les rabbins dans la Bible juive (TaNaK) parce qu’ils ont d’abord été écrits en hébreu.

• … des livres que seuls les chrétiens reprendront : Tobie, Judith, 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Livre du Siracide, Baruch, Lettre de Jérémie, + les compléments aux livres d’Esther ou de Daniel. Écrits pour la plupart directement en grec et non retenus par les rabbins, ils sont lus par les chrétiens orthodoxes et catholiques. Depuis le 16e siècle (concile de Trente), on les appelle « deutérocanoniques » (= admis dans le canon – ou liste officielle – dans un second temps) ; les protestants les nomment « apocryphes » (= livres à cacher, à lire avec précaution) et, jusqu’au 19e siècle, les ont mis en appendice de leur Ancien Testament.

• … des livres qui resteront aux marges de la Bible tant juive que chrétienne : 3e et 4e Esdras, Prière de Manassé, Psaume 151, Psaumes de Salomon, Odes, 3e et 4e Maccabées. Les protestants et les catholiques les appellent « apocryphes ». Par contre, les orthodoxes considèrent la plupart comme des livres inspirés. Il faut noter que beaucoup d’éditions de la Vulgate (traduction latine de saint Jérôme vénérée dans l’Église catholique) comportent, mais en appendice, le 4e livre d’Esdras.

Note : Entre le texte hébreu et le texte de la Septante, il y a des différences très intéressantes à étudier. Non seulement les éditions du livre d’Esther ou de Daniel divergent, mais un livre comme celui de Jérémie est plus long en grec ou encore la numérotation des psaumes change à partir du psaume 9.

Les Écritures des chrétiens. La Septante a forgé une langue pour exprimer la foi juive dans la culture grecque. Utilisant la langue grecque « commune » (la koinè) parlée dans le bassin méditerranéen, elle l’a teintée de tournures empruntées à l’hébreu. Le Nouveau Testament, qui cite souvent les Écritures dans la version de la  Septante, s’est beaucoup servi de son vocabulaire pour ses propres écrits.

Les premières Églises de culture grecque ont puisé dans ce trésor pour leur prédication et leur théologie naissante. Un seul exemple : en hébreu, Isaïe 7,14 dit « La jeune femme est enceinte, elle enfante un fils… » ; la jeune femme désigne ici l’épouse du roi. La Septante, elle, a traduit par : « La vierge est enceinte… » ce qui, par la suite, a permis aux chrétiens d’appliquer ce texte prophétique à la Vierge Marie (Mt 1,23). Et cela, d’autant plus que le reste de l’oracle d’Isaïe concerne l’Emmanuel, c’est-à-dire, pour eux, Jésus.

À cause de son succès parmi les chrétiens, dès le 2e siècle de notre ère, les communautés juives se sont montrées de plus en plus réservées vis-à-vis de la Septante. Elles ont alors mis en chantier des traductions grecques plus littérales avant de se replier sur le texte hébreu.

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