Le souci des pauvres au coeur de la Rencontre nationale 2008 des délégués diocésains à la solidarité

Quelle que soit l’issue de la crise financière qui nous laisse entrevoir une accalmie, les délégués à la solidarité des différents diocèses de France, réunis à Paris pour une session de travail avec les Mouvements et organismes caritatifs, ne peuvent oublier que les pauvres seront les premiers touchés par les conséquences de cette crise à multiple visages.

Les pauvres sont au centre de l’Evangile et de la préoccupation des mouvements caritatifs de l’Eglise. Hier comme aujourd’hui l’Eglise ne se résigne pas à voir tant de laissés pour compte sur le bord du chemin : les sans abri, les sans travail, les sans formation, les sans couverture sociale, les sans famille, les sans papier et tant de pays moins développés d’Afrique, des Caraïbes, d’Amérique latine, d’Asie et de l’Europe de l’Est.

Au cours de cette session de travail, l’assemblée ainsi réunie a pris le temps de regarder de manière rigoureuse qui sont les pauvres aujourd’hui, avec l’aide de M. Julien Damon, de la revue Futuribles . Elle s’est interrogée sur les mesures à prendre pour diminuer le nombre des pauvres comme s’y est engagé l’Etat français et les signataires des objectifs du millénaire.

Les paroles du Cardinal Joseph Cordes, président de Cor Unum, venu tout exprès de Rome, ont invité chacun à relire la 1ère encyclique du Pape Benoît XVI (Deus Caritas est). Regardez les pauvres avec le cœur au moins autant qu’avec les outils mis en place par l’extraordinaire inventivité des associations caritatives. Regardez leurs visages. Rappelez-vous ce que vous recevez de ceux qui n’ont rien d’autre à vous offrir que leur histoire qui nous bouleverse. Souvenons-nous de la compassion du Christ qui inspire notre action.

Le Père Etienne Grieu, sj, nous a rappelés à la suite du Christ serviteur que l’Eglise pour vivre sa mission ne peut se contenter de déléguer à quelques spécialistes le partage avec les pauvres. Toutes les communautés rencontrent des personnes en situation de précarité (accompagnement des jeunes exclus en particulier les adolescents, la visite de malades isolés…etc). Ainsi, le service du prochain s’exerce de manière communautaire et ordonnée.

Mgr Bernard Housset évêque de La Rochelle et Saintes, président du Conseil de la solidarité en portait le témoignage : continuons de travailler à rendre aux pauvres la maîtrise de leur histoire, mais n’oublions pas qu’ils attendent aussi, la seule chose inattendue que le monde de l’économie, du droit et de la protection sociale ne sauront leur offrir : la rencontre de Jésus Christ… le temps d’une prière avec eux.

Bien sûr cela ne dispense aucun d’entre nous de la compétence requise pour faire face aux situations dramatiques, ni de la rigueur professionnelle, ni de l’appel au don de soi et à la générosité économique.

Bien sûr cela ne dispense pas de soutenir les actions institutionnelles pour s’attaquer aux structures de péché que génère l’organisation de la société dans laquelle nous nous trouvons.
Si l’on a pu parler de crise systémique à l’égard de la gestion des finances, combien plus l’écart sans cesse croissant entre les pauvres et les riches est lui aussi l’ornière systémique dont l’humanité ne parvient pas à sortir.

Elle oblige les chrétiens à prendre toute leur part de l’action pour la justice comme partenaire avec d’autres pour la recherche de solutions ; en se rappelant que la justice sans l’amour ne permet pas de rapprocher les cœurs. Pour nous chrétiens il est urgent de revenir avec insistance sur cette dimension qui prend sa source dans l’intériorité là où l’Evangile actualisé par la première encyclique de Benoît XVI nous invite à puiser sans cesse la dynamique de notre action en faveur des pauvres.

Paris, maison de la Conférence des évêques de France, 14 et 14 octobre 2008

DSE doctrine sociale