« La charité du Christ nous presse », déclaration des évêques de France à l’issue de l’Assemblée plenière de novembre 2009

A l’approche de Noël, une lettre des évêques de France pour un « vivre autrement ».

Le Noël des vitrines est de plus en plus précoce. Le Noël des pauvres se fait souvent attendre. Réunis à Lourdes en Assemblée Plénière, les évêques de France adressent un vibrant appel aux communautés chrétiennes, à l’approche de Noël. Les pauvretés sont multiples. Certaines ont l’âge de l’humanité. D’autres sont générées par la société moderne. Les évêques ont pris le temps d’analyser ces « nouvelles pauvretés ». Leur message est social et spirituel. Ils encouragent et remercient ceux qui n’ont pas attendu la gravité de la situation pour agir. Ils invitent les croyants à ressourcer leur action dans le Christ. De nombreuses administrations publiques le disent : les catholiques sont nombreux à répondre « présents ». Cette dimension solidaire de l’Eglise catholique n’est surtout pas, pour elle, un motif d’orgueil. Mais il serait légitime qu’elle soit davantage répercutée dans l’opinion. L’image d’une Eglise « vieille dame empêtrée dans ses discours internes » est injuste. Les évêques viennent encore d’en témoigner à Lourdes. Les communautés chrétiennes, conscientes de leurs grandes limites, sont vivantes, ferventes et généreuses. En ces jours anniversaires de la chute du Mur de Berlin, et à l’approche du sommet de Copenhague, n’est-il pas urgent de proposer un « Noël autrement » pour un « vivre autrement » ?

Lourdes, le 8 novembre 2009
Père Bernard Podvin
Porte-parole de la Conférence des évêques de France

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La charité du Christ nous presse

(2 Corinthiens 5, 14)

L’apôtre Pierre, avant de baptiser le centurion Corneille, lui présente d’un mot Jésus de Nazareth : « Il passait en faisant le bien » (Actes des Apôtres 10, 38). Le premier, Jésus est le Bon Samaritain qui « s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands » (cf. Luc 10, 36).

Tout commence par la charité

Disciples du Christ, nous sommes davantage pressés par sa charité, en ce temps de crise économique et sociale. Les pauvretés d’aujourd’hui sont peut-être moins nouvelles que radicales par suite de la détérioration fréquente du tissu familial, l’insuffisance des logements, l’augmentation du chômage, la dégradation du prix de vente des produits agricoles. Dureté des conditions de travail, solitudes, addictions, fragilités psychiques, relationnelles ou culturelles accentuent chez beaucoup le sentiment d’exclusion.

Communautés chrétiennes, c’est à vous que nous adressons cette lettre. Nous connaissons les multiples générosités qui sont les vôtres. Nous savons la compétence et la créativité des associations caritatives que vous ne cessez de soutenir, surtout en cette période où les aides publiques diminuent. A l’approche de Noël, nous vous lançons un appel afin de vous encourager à ressourcer tout effort de solidarité dans le mystère du Fils de Dieu, né de Marie, qui « s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté » (2 Corinthiens 8, 9).

Non seulement, « le Verbe s’est fait chair » (Jean 1, 14), mais dans l’Eucharistie, il est le « Pain rompu pour la vie du monde ». Quand nous nous rassemblons, chaque dimanche, pour célébrer le Repas du Seigneur, nous sommes appelés, comme le dit l’apôtre Paul, à « discerner son Corps » (1 Corinthiens 11,29), c’est-à-dire sa présence dans l’Eucharistie et sa présence dans tous ses membres, surtout les plus souffrants, ceux qui ont faim, ceux dont la dignité est menacée.
 

Toute communauté chrétienne vise à exercer dans la mesure des dons de l’Esprit le ministère de la prière (liturgie), le ministère de la Parole (catéchèse) et le ministère du service des pauvres (diaconie). Les diacres sont les témoins sacramentels de Jésus lavant les pieds de ses Apôtres. Mais tous nous sommes appelés à mettre cette « diaconie » au cœur de notre action : « Car c’est un exemple que je vous ai donné… » (Jean 13, 15)

Soyons attentifs à ceux qui, parmi nous, ne peuvent plus se joindre au rassemblement dominical parce qu’ils sont malades ou malheureux. Et pourquoi ne pas préparer ou prolonger la célébration eucharistique par un « ministère de la visite » auprès des isolés ou des voisins dont la pauvreté muette a besoin d’un geste fraternel ?

Nous aurons alors la surprise, bien souvent, d’être nous-mêmes renouvelés dans notre joie de croire.

Nous lançons cet appel pour Noël. Mais c’est une porte ouverte sur l’avenir. C’est pourquoi nous le confions spécialement aux pasteurs, aux équipes pastorales, aux conseils pastoraux et aux organismes de solidarité, afin qu’ils le fassent leur et proposent des initiatives concrètes et adaptées, veillant à ce que « Noël autrement » soit à l’origine d’un « vivre autrement ».

Que l’Esprit Saint nous rende tous inventifs pour de « nouveaux modes de vie » qui incarnent notre espérance d’une société plus juste et fraternelle.

Lourdes, le 8 Novembre 2009
Les Evêques de France
 

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