Pour les évêques, l’Europe est une cause essentielle

Grallet Jean-Pierre - Strasbourg

A l’approche des élections européennes, l’épiscopat français encourage une parole forte de la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne (COMECE), par la voix de Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg, son délégué.
 
« L’Europe est une cause essentielle au vivre ensemble, en France et partout ailleurs ». Cette conviction, Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg, délégué de la Conférence des évêques de France à la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne (COMECE), compte bien la voir figurer dans une déclaration qui pourrait être rendue publique à l’issue de l’Assemblée plénière de la COMECE. Il se rendra en effet à Bruxelles, dans la foulée du rendez-vous d’automne des évêques de France à Lourdes. La lutte contre la pauvreté, la défense de la personne humaine la plus vulnérable et la question des migrants font aussi partie des points d’attention de l’épiscopat français dans la réalité européenne.

Archevêque d’un diocèse dont les habitants ont connu cinq changements d’état civil au siècle dernier, Mgr Grallet prend la construction européenne à cœur. Ainsi une cellule pastorale diocésaine travaille sur l’Europe en lien avec les autres Eglises chrétiennes. « L’Europe traverse une crise d’adolescence. Nous sommes des enfants gâtés, ingrats et irresponsables » regrette-t-il en évoquant les fruits de cette initiative : longue période de paix, union sur un continent autrefois divisé en deux blocs, échanges culturels pour les étudiants avec le programme Erasmus… Il envisage de rappeler fermement l’importance du vote européen.
 

Se souvenir pour mieux construire

Pour Mgr Grallet, les commémorations de la Première Guerre mondiale (1914-1918) sont l’occasion de faire percevoir l’héritage positif de l’Europe et donc de raviver la conscience européenne. Dans cet esprit, il a invité le Cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising (Allemagne) à prêcher à Strasbourg. Egalement concernés par les manifestations du centenaire 14-18, le diocèse aux Armées françaises et celui de Verdun devraient faire des propositions similaires.

Dans un calendrier plus proche, les instances publiques ne s’y sont pas trompées en facilitant les transports pour la 36ème Rencontre européenne de Taizé (Strasbourg, 28 décembre 2013 – 1er janvier 2014). « C’est un événement porteur d’espérance » se réjouit Mgr Grallet. Des milliers de jeunes chrétiens venus de tout le continent se préparent à y participer. Dans une Europe en déficit d’image, à défaut d’en être un symbole, ils seront, pendant ces quelques jours, le visage qui lui manque cruellement.
 

sylvie_goulard

Pourquoi l’Eglise doit soutenir le projet européen

Pari pour la paix et la démocratie, la défense de la dignité humaine et un certain niveau de vie, l’Europe n’en traverse pas moins des difficultés importantes (gouvernance, manque de représentation de la zone euro, discrédit auprès des citoyens…). Si sa visée -« une communauté de destins »- est louable, la députée européenne Sylvie Goulard, invitée en séance plénière, n’a pas hésité à fustiger un projet « mal préparé ». C’est d’abord pour déjouer le piège du nationalisme étriqué que l’universalité et la communion de l’Eglise peuvent servir d’exemples. Parce qu’ils sont attentifs aux plus pauvres, les catholiques doivent plaider pour un système économique et social qui garantisse à chacun un travail, sans assistanat. Enfin, institution deux fois millénaire, l’Eglise montre que sa mission dépasse la temporalité des individus. A son image, l’Europe a besoin d’institutions pérennes, ce que certains groupes remettent en question. Enfin, l’eurodéputée exhorte les évêques à se saisir de l’article 11 du Traité de Lisbonne. Celui-ci permet aux citoyens d’interpeller l’Europe en rassemblant 1 million de signatures dans un nombre significatif de pays de l’Union. Sa proposition : construire et porter un projet autour des migrants.
 

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