Bioéthique : les évêques invitent à se former et à s’informer pour prendre part au débat

La bioéthique était au cœur du travail des évêques avec en perspective la participation de l’Eglise catholique aux Etats généraux qui se tiendront en 2009 en vue de la révision des lois de bioéthique.

 

Un sujet au cœur du travail des évêques depuis un an

Parce que l’Église catholique alimente la réflexion bioéthique en s’engageant activement au service de la personne humaine en proie à la souffrance et en situation de vulnérabilité, elle entend prendre part aux débats qui s’annoncent dans le cadre des Etats généraux de la bioéthique.
« Evêques, nous rencontrons les souffrances de nos contemporains et nous entendons les interrogations de beaucoup quand, devant les découvertes scientifiques, ils se demandent vers quelle société nous nous acheminons», rappelle Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes.

Depuis un an, les évêques se sont donc penchés plus particulièrement sur ce sujet : en novembre 2007, réunis en Assemblée plénière, ils ont décidé de la création d’un groupe de travail présidé par Mgr Pierre d’Ornellas sur le sujet de la bioéthique.
« La perspective qui a été la notre depuis le début est celle du dialogue, de l’écoute, de la compréhension d’un sujet complexe et pluridisciplinaire», souligne-t-il.

Dans un premier temps, le groupe de travail a ainsi auditionné des personnes des milieux juridique, politique et scientifique et rassemblé une vingtaine de catholiques travaillant dans le domaine bioéthique. « Ce travail nous a aidés à constituer un dossier qui comprenait seize fiches renseignant sur des questions de bioéthique dans leurs aspects scientifique, juridique et éthique, et ce de façon aussi précise que possible », précise Mgr d’Ornellas.
Un dossier qui a permis d’informer les évêques lors de l’Assemblé plénière d’avril 2008 et de partager les premiers enseignements.

« La première condition du dialogue est l’information. La seconde est l’écoute qui permet aux interrogations et aux inquiétudes de s’exprimer librement. Le temps du dialogue est aujourd’hui venu », explique Pierre d’Ornellas.

Une attitude de dialogue

En novembre 2008, en raison du sérieux des questions que pose toute à toute la société la recherche biomédicale, l’enjeu est de se situer désormais résolument dans une perspective de dialogue avec toutes les composantes de la société en sachant que de l’échange authentique peut naître un vrai progrès.
Le travail en Assemblée plénière a débuté, jeudi 6 novembre, par un éclairage juridique apporté par Monsieur Pierre Leveneur, professeur de droit civil à la Faculté d’Assas sur la question suivante : « Devant l’émergence de droits subjectifs, devant le cri des souffrances individuelles, comment envisager la loi civile, sa mission, son rôle vis-à-vis du bien commun ? ». Si légiférer sur la bioéthique parait légitime, la multiplication des exceptions apparues dans les années 90 fait débat. « Quand ces exceptions se multiplient, elles en viennent à entamer le principe et c’est ce recours aux exceptions qui créé des controverses», souligne Monsieur Laurent Leveneur, prenant l’exemple de la recherche sur l’embryon.
Les évêques ont ensuite alterné temps de travail, en assemblée et en carrefour, et planché sur un document préparé par le groupe de travail. « Ce document traite des sept principaux sujets retenus en vue de la révision de la loi de bioéthique. Rédigé par des experts, il s’enrichit des contributions et remarques des évêques, des dernières avancées des recherches scientifiques», précise Mgr Pierre d’Ornellas.
« Les évêques ont très clairement adopté cette attitude de dialogue, d’audace de l’écoute et de la parole sur la question bioéthique. Informés et formés, ils sont désormais prêts à dialoguer», se félicite Mgr d’Ornellas.

Une invitation à se former pour prendre part au débat

L’invitation à se mobiliser en vue des Etats généraux s’adresse à tous les catholiques. « Tous sont invités à entrer dans le dialogue, particulièrement pendant les Etats généraux puisque ceux-ci sont conçus pour cela », poursuit-il.
Dans chaque diocèse des personnes « ressources », choisies par leur évêque pour leur compétence en matière juridique, biomédicale ou en théologie morale, seront appelées à se former et à former à leur tour les chrétiens de leur diocèse. Une première journée de rencontre et de formation est programmée à Paris le 13 décembre
Un site internet dédié à la bioéthique est prévu pour permettre à tous de dialoguer, de s’informer et d’accéder à des ressources documentaires,
RDV sur eglise.catholique.fr, le 13 décembre, pour le découvrir en ligne…

 

En 2009, les états généraux de la bioéthique

Le gouvernement a annoncé la tenue des États généraux de la bioéthique en 2009. Ils ouvriront les débats en vue de la révision de la « loi relative à la bioéthique » votée en 2004 pour une durée de 5 ans. « Nous devons considérer les Etats généraux comme une chance. Ils doivent permettre un vrai dialogue. Ils peuvent porter leur fruit en vue de la révision de telle sorte que nous aboutissions à trouver une « voie française », comme ce fut le cas pour la loi Léonetti sur la fin de vie », se réjouit Mgr d’Ornellas
7 sujets principaux ont été retenus dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique : la recherche sur l’embryon, le prélèvement et la greffe d’organes, de tissus et de cellules, les modalités d’expression du consentement dans les protocoles de recherche, le principe d’indisponibilité du corps humain, l’assistance médicale à la procréation qui pose elle-même la question de l’anonymat du don et de la gestation pour autrui, le développement de la médecine prédictive, l’extension du recours au diagnostic prénatal (DPN) et au diagnostic préimplantatoire (DPI).

 


L’Eglise et la recherche scientifique

L’Église se réjouit lorsque des avancées scientifiques en matière biomédicale permettent de réels progrès thérapeutiques ainsi qu’une amélioration des conditions de vie des hommes par un soulagement de leurs souffrances, en respectant la dignité de l’homme.
« L’Église apprécie et encourage bien évidemment le progrès des sciences biomédicales qui ouvrent des perspectives thérapeutiques jusqu’à présents inconnues, à travers, par exemple, l’utilisation de cellules souches somatiques ou bien à travers des thérapies en vue de rendre la fertilité ou de soigner les maladies génétiques. » Benoît XVI, discours du 31 janvier 2008 à la congrégation pour la doctrine de la foi. Site : vatican/Benoît XVI/discours.

L’Eglise a son mot à dire sur la bioéthique

L’Église catholique a toujours été familière des problématiques de santé dans lesquelles, depuis des siècles, elle s’investit par ses nombreuses et diverses œuvres de charité. Aujourd’hui, elle est largement impliquée dans les réalités sanitaires et sociales par ses institutions propres (universités, hôpitaux, centres de soins, maisons de retraite, centres d’accueil des personnes handicapées,…), par ses « mouvements » et par tous ses membres présents au sein des structures publiques et privées, tant dans le monde des soins que dans celui de la recherche.
Depuis longtemps, l’Église alimente la réflexion bioéthique non seulement en prenant part aux débats mais aussi en s’engageant activement au service de la personne humaine en proie à la souffrance et en situation de vulnérabilité.