« Toussaint nous invite à cultiver le désir de Dieu » par Mgr Pontier

Éclairage de Mgr George Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France sur la Toussaint.
La fête de Toussaint tourne nos yeux vers l’audelà de cette vie terrestre et célèbre la vie éternelle en Dieu.
Elle ouvre nos horizons. Elle nous offre une immense perspective : nous sommes faits pour Dieu, pour partager sa vie.
La vie éternelle n’est pas la copie conforme de la vie d’ici-bas.
C’est la vie en Dieu, une vie de communion dans l’amour, dans la vision, dans la rencontre.
« Nous serons semblables à Lui parce que nous Le verrons tel qu’Il est. » (1 Jean 3,2).
La communion d’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint nous sera ouverte.

Je remarque que ceux qui ont cette espérance tiennent bon dans la vie, traversent les épreuves, s’appuient sur cette foi ! J’en connais parmi eux qui ont des conditions de vie très dures.
À l’opposé, beaucoup de ceux qui recherchent, dans cette vie, leur bonheur en des possessions matérielles ne cessent de courir à l’extérieur d’eux-mêmes, vers des biens ou des expériences qui ne peuvent les combler. Ils y trouvent lassitude et insatisfaction.
Déjà, cette vie éternelle, cette vie en Dieu, commence dans la vie de foi et d’amour pour Dieu.
Puisque la vie éternelle est une vie en Dieu, vivre en Dieu ici bas nous introduit, nous initie à cette vie. Vivre dans la présence d’amour de Dieu nous ouvre à cette vie pour laquelle nous sommes faits.
« Il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes vraiment » (1 Jean 3, 1).
Notre apprentissage de la vie en Dieu nous prépare à la vie éternelle.

Déclarer saint quelqu’un, c’est reconnaître qu’il a vécu dans la foi au « Fils de Dieu qui l’a aimé et qui s’est livré pour lui » (Gal. 2, 20).
La foi se révèle être cette connaissance de Dieu par l’amour, bien plus que par la clarté intellectuelle.
Savoir des choses sur Dieu et L’aimer sont deux choses bien différentes.
Cette fête nous enseigne encore que nous serons en communion avec nos frères et soeurs par une union spirituelle, une amitié, un amour, sans obscurité ni lourdeur : le corps ressuscité aura perdu les limites de la chair mortelle et nous vivrons en communion d’esprit et de coeur.
Nous appelons cela « la communion des saints ». Nos liens ne sont pas rompus. Ils perdureront, s’approfondiront et s’éterniseront. Cela encore commence ici-bas.

J’entendais récemment une maman dire la communion profonde qu’elle vivait avec son enfant mort prématurément. Elle cultivait la pensée d’amour à son égard. Et du coup, disait-elle,« plus rien ne m’empêche d’être en communion avec lui. »
Voilà ce que la foi peut produire. Quelle espérance !
Ce sera un fruit heureux de notre union en Dieu et par Dieu, une vie avec les autres dans l’amour.

Toussaint nous invite à cultiver le désir de Dieu, à ne pas avoir peur de ce jour où, quittant cette vie, nous Le verrons face à face.
Vivre ainsi ne nous éloigne pas des préoccupations de cette vie sur terre.
Vivre ainsi oriente nos choix : nous voulons vivre dans l’amour. Nous nous engageons pour contribuer à donner naissance à la « civilisation de l’amour », en nous préoccupant de nos frères humains, les plus éprouvés en particulier.
« Nous sommes faits pour Toi, Seigneur, et notre coeur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi » (saint Augustin).

+ Georges Pontier
Archevêque de Marseille

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