« Noël 2012 : Dieu ouvre des chemin à l’espérance », par le père Roucou

Christophe Roucou

A la une des médias, les titres ne manquent pas pour aviver les inquiétudes ou les peurs, surtout en ce temps de crise économique et sociale, et c’est souvent « l’islam » en France ou dans d’autres pays qui est mis en avant. Sans compter les « power- point » ou les mails, abondamment diffusés, reposant souvent sur des données ou des photos truquées, qui alimentent les divisions, voire la haine.

Nous voudrions, de notre côté, attirer l’attention sur trois rencontres qui ont eu lieu récemment en France et ont traité des relations entre chrétiens et musulmans.

A Lourdes, à l’issue de leurs échanges sur « Catholiques et musulmans en France aujourd’hui », malgré des critiques et des inquiétudes dans la communauté catholique à propos de l’islam et des musulmans, les évêques français ont maintenu le cap du dialogue. Le cardinal André Vingt-Trois l’a ainsi exprimé : « Reprenant les orientations de Jean-Paul II et de Benoît XVI, nous voulons être des interlocuteurs respectueux, aussi bien dans les contacts quotidiens que dans les relations avec les responsables musulmans. Cette orientation vers le dialogue constitue pour les chrétiens un appel à développer leur capacité à être témoins de la foi au Christ ressuscité. Ce n’est que dans l’authenticité de l’identité de chacun que peut véritablement se développer le dialogue. »

Le 2° forum islamo-chrétien, à Lyon, portait sur les « Tentations extrémistes » au sein de nos communautés : quelles sont leurs origines, sur quelles interprétations de leurs textes fondateurs s’appuient-elles et comment les responsables peuvent-ils y répondre ? Nous en donnons un premier écho dans les pages qui suivent. Je retiens cette interpellation d’un des participants musulmans, le cheikh Bentounès : « A quoi sert-il de lire nos textes sacrés, si cela ne nourrit pas notre humanité ? »

A Marseille, l’université du Réseau des chrétiens de la Méditerranée auquel le SRI participe, avait pour titre : « L’islam en Europe, entre peur et dialogue ». Nous y avons découvert une richesse et une diversité d’initiatives dans différents pays européens : Allemagne, Bosnie, Italie, Suisse, Turquie et France : invitation à plus d’imagination dans les relations à vivre en France. Nous avons été aussi témoins de la profondeur qui s’exprime lorsque des responsables chrétiens et musulmans se rencontrent régulièrement, comme à Marseille, pour échanger sur leur foi. La confiance enracinée dans la foi en Dieu peut permettre un dialogue en vérité et dans la fraternité.
Alors que les temps sont parfois durs, malgré l’inquiétude chez certains chrétiens devant des propos ou des attitudes de musulmans, et malgré la lassitude des musulmans trop souvent montrés du doigt par des medias, ces rencontres témoignent d’une espérance possible. Cette espérance a besoin d’hommes et de femmes qui la mettent en œuvre mais elle a surtout besoin d’être reçue comme un don de Dieu, comme l’espérance que Dieu Lui-même met en l’homme. N’est-ce pas, pour nous chrétiens, le sens profond de la fête de Noël ? Dieu prend le risque que Sa Parole prenne corps dans notre histoire en Jésus né de Marie, à Bethléem. En Lui, l’Emmanuel -Dieu avec nous- la fraternité et l’espérance sont inscrites définitivement dans l’histoire des hommes.

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. » (Es 9,1) Telle était l’espérance du Prophète Esaïe. Nous en faisons lecture dans la nuit de Noël car telle est notre espérance avec la venue de Jésus dans notre histoire.
Cette espérance nous souhaitons la partager et la vivre avec vous tous, en 2013.

Christophe Roucou
 

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