Homélie du dimanche 4 septembre

Dimanche 4 septembre 2016
Vingt-troisième dimanche du temps ordinaire

Références bibliques :

Lecture du livre de la Sagesse. 9. 13 à 18 : »Qui aurait connu ta volonté si tu ne lui avais envoyé d’en-haut ton Esprit-Saint ?. »
Psaume 89 :  » Consolide pour nous l’ouvrage de tes mains. »
Lecture de la lettre de saint Paul à Philémon : « Pour que tu accomplisses librement ce qui est bien. »
Evangile selon saint Luc : 14. 25 à 53 : « Voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout. »

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Comme c’est fréquemment le cas, le psaume de ce dimanche (psaume 89/90) prolonge et permet de méditer la première lecture. Celle-ci est constituée par un passage du Livre de la Sagesse, un des derniers écrits de l’Ancien Testament, rédigé directement en grec et marqué par cette culture : le corps est périssable et il appesantit l’âme.

A cet homme fragile et borné, Dieu donne joie et force de vivre la Sagesse et l’Esprit-Saint. Ce rapprochement est à noter, car, pour le chrétien, Jésus est la Sagesse Incarnée qui nous envoie l’Esprit-Saint. C’est autour du psaume que nous pouvons développer notre méditation du Livre de la Sagesse et de l’Evangile. C’est pourquoi nous vous en donnons l’intégralité.

PSAUME 89.

D’âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge.
Avant que naissent les montagnes et que tu enfantes la terre et le monde,
De toujours à toujours, toi, tu es Dieu.

Tu as fait retourner l’homme à la poussière.
Tu as dit : » Retournez, fils d’Adam. »
Mille ans sont à tes yeux comme le jour d’hier qui passe,
comme une veille dans la nuit.

Tu les as balayés. Ce n’est qu’un songe.
Dès le matin, ce n’est qu’une herbe changeante.
Le matin, elle fleurit, elle pousse
et se flétrit et se dessèche le soir.

Nous sommes anéantis par ta colère,
épouvantés par ta fureur.
Tu mets nos torts devant toi,
nos secrets à la lumière de ta face.

Sous tes fureurs tous nos jours s’enfuient
et nos années s’évanouissent comme un souffle.
Le nombre de nos années ? soixante-dix,
quatre-vingts pour les plus vigoureux.

Et leur grand nombre n’est que peine et misère.
Elles passent vite et nous nous envolons.
Qui peut connaître la force de ta colère ?
Qui peut t’adorer dans tes fureurs ?

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours
et que nos coeurs pénètrent la sagesse.
Ravise-toi, Seigneur, pourquoi tarder ?
Prends en pitié tes serviteurs.

Rassasie-nous de ton amour dès le matin
et nous serons dans la joie et les chants tout le jour.
Rends-nous en joies tes jours de châtiment
et les années où nous avons connu le malheur.

Fais connaître ton oeuvre à tes serviteurs
et ta splendeur à leurs fils.
Que la douceur du Seigneur Dieu soit sur nous !

Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains !
Oui, consolide l’ouvrage de nos mains.

SOLIDITE ET PRECARITE

Les psaumes sont une prière et un appel d’espérance. Ils commencent donc par un regard vers Dieu, ne serait-ce que par une invocation comme c’est le cas dans le psaume le plus douloureux : »Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Psaume 21/22)

Ici, Dieu est reconnu dans son éternité qui se laisse entre-apercevoir, par delà sa «colère» dans l’oeuvre de création et dans sa fidélité dont témoigne l’histoire du peuple d’Israël : » D’âge en âge, de toujours à toujours. »
C’est ainsi que nous pouvons pénétrer sa Sagesse (verset.12), son amour (verset 14), sa joie (verset 15). Mais l’homme est fragile et précaire (verset 3). Ce n’est pas une plainte qu’il exprime, c’est presqu’un désarroi comme nous les connaissons.

Même si sa manière d’agir (ou ce que l’on croit être sa manière d’agir) est déconcertante à ce point pour l’homme, Dieu est vivant, Dieu est présent. Ce qui pourrait conduire à la révolte devient motif pour demander la grâce. Nous sommes affectés par le péché et, pour cette raison, nous ne pouvons que susciter la colère de Dieu. Et pourtant, même si nos oeuvres sont mauvaises, Dieu peut nous manifester son amour et sa douceur. (versets 14 à 17)

L’APPEL A LA SAGESSE

La Sagesse nous apprendra la mesure de nos jours et de ce que nous sommes.

C’est pourquoi cette demande de la Sagesse est constante dans l’Ecriture. Moïse la demande pour gouverner le peuple à la nuque raide. Salomon la demande solennellement (I Rois 3) ce qui lui fera attribuer la paternité littéraire des écrits bibliques de sagesse.

Mais le don de Dieu qui est demandé ne se limite pas à faire comprendre à l’homme son sort pour qu’il l’accepte sagement. Avec humilité, le psalmiste invite Dieu à revenir vers celui qui le prie. En fait, c’est le retour de Dieu, ressenti près de nous qui est l’essentiel de ce psaume.

Par le don de la Sagesse, quelque chose de la solidité de Dieu va venir en l’homme et même en ses oeuvres. Là où il n’y avait place que pour la colère, viendra l’amour et la joie. Là où il n’y avait place que pour la fureur viendra la douceur. Dieu se ravise. (verset 13)

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Nous avons à bâtir notre vie, telle que nous l’avons reçue. « Quel est celui qui veut bâtir une tour et qui ne commence pas par s’asseoir ? » (Luc 14. 28) A nous de demander à Dieu ce temps de clairvoyance et de sagesse : « Qui aurait connu ta volonté si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en-haut ton Esprit-Saint ? » Bâtissons notre vie avec Dieu, comme une tour. « Consolide pour nous, Seigneur, l’ouvrage de nos mains ! »

année liturgique B