Homélie du jeudi 5 mai

Jeudi 5 mai 2016
L’ascension du Seigneur

L’ascension de Jésus nous révèle que nous avons accès à l’intimité de Dieu puisque nous avons connaissance et accès à l’intimité de Jésus. « Il va vers le Père….. qui est votre Père » (Jean 20-17)

LES RÉCITS DE L’ASCENSION

Luc nous donne deux récits de l’Ascension de Jésus. D’autres textes bibliques dans l’Évangile de Marc (16,19) et dans celui de Luc (24, 51-53) relatent le même événement.

Le premier texte de Luc, à la fin de son évangile, est christologique : Venu de Dieu, Jésus repart vers lui. Il est le Fils. L’accent du texte porte donc sur l’identité de Jésus: « Il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Et il advint, comme il les bénissait, qu’il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. »

Pour eux, s’étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le Temple à louer Dieu » (Luc 24, 50-53).

Le second récit ouvre les Actes des Apôtres. Il raconte encore l’Ascension de Jésus, mais porte un accent différent. La pointe du récit est alors ecclésiologique.

Il parle de la naissance de l’Église, constituée de disciples fragiles, que l’Esprit de Dieu emporte dans son souffle pour les envoyer jusqu’au bout du monde (Actes 1, 8). C’est la mission que Jésus leur donne au moment de son départ.

Désormais ils sont pleinement apôtres, c’est-à-dire envoyés: « Vous allez recevoir, dit Jésus, une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1, 8). Le relais leur est passé, c’est désormais le temps de l’Église.

LA NUÉE DE LA PRÉSENCE

Saint Luc parle le langage biblique et théologique.

 » Après ces paroles, poursuit le récit des Actes, ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient: « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » (Actes 1, 9-11).

Ainsi Jésus s’élève et disparaît dans une nuée. L’image de la nuée est présente tout au long de la Bible pour évoquer la présence mystérieuse et permanente de Dieu auprès de son peuple.

C’est dans une nuée que le Seigneur accompagne son peuple à la sortie d’Égypte, dans le passage libérateur de la mer et la marche au désert. Et sous la forme d’une colonne de feu, la nuit !

Une nuée entoure Jésus et ses disciples à la Transfiguration. C’est un signe temporaire de la présence et d’une révélation de Dieu. Et c’est bien sûr aussi vers le ciel que Jésus est emporté, puisque le ciel est ce lieu d’en haut, le lieu de Dieu.

Cette dernière étape, qui est l’Ascension, demeure étroitement unie à la première, c’est-à-dire à la descente du ciel réalisée dans l’Incarnation. Seul celui qui est  » sorti du Père  » peut  » retourner au Père  » : le Christ (cf. Jn 16,28).  » Personne n’est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l’Homme qui est descendu des cieux  » (Jn 3,13 ; cf. Ep 4,8-10).

Laissée à ses forces naturelles, l’humanité n’a pas accès à la  » Maison du Père  » (Jn 14,2), à la vie et à la félicité de Dieu. Le Christ seul a pu ouvrir cet accès à l’homme,  » afin que nous, ses membres, nous ayons l’espérance de le rejoindre un jour, » là où Lui, notre Tête et notre Principe, nous a précédés. (Préface de l’Ascension)

LA RÉVÉLATION DU MYSTÈRE

Dans le Nouveau Testament, la réalité de l’ascension est inséparable de celle de la résurrection. L’ascension apparaît comme l’étape ultime de la résurrection. En ressuscitant d’entre les morts, Jésus est déjà glorifié ; la mort n’a plus de prise sur lui, et les limites imposées par sa condition d’homme n’existent plus. Mais en «montant auprès du Père», sa gloire se manifeste avec plus d’éclat, car Il entre dans la présence de Dieu pour régner avec lui sur le monde.

Jusque-là, sa vie était la vie normale d’un homme qui connait et supporte jusqu’aux imperfections et aux limites de toute créature, sauf le péché.

La transfiguration l’insérait dans l’alliance, celle de Moïse et des prophètes. Il leur en donnera le sens sur la route d’Emmaüs. Tout est nouveau et incomparable: Gethsémani, la croix, la résurrection. Sa croix est le portique par lequel tout membre de la famille humaine entre dans la vie de Dieu. Par sa résurrection, il acquiert le droit de donner à chaque homme la vie éternelle. Par son ascension, notre Seigneur étant entré dans le Ciel, en tient pour nous tous la porte grande ouverte.

Cette fois-ci, le Seigneur retourne bien à Sa gloire éternelle: mais il n’y retourne plus seulement comme Fils de Dieu, il y retourne comme Fils de l’homme. La route est grande ouverte maintenant qui peut mener tout homme jusqu’au trône de Dieu.

Fils de l’homme sur la terre, Jésus avait renoncé à son omnipuissance, à son omniprésence, à sa toute-science. Fils de l’homme dans le ciel, il les a retrouvées. Depuis l’ascension, Jésus est appelé le Seigneur, Titre donné à Dieu le Père dans l’Ancien Testament. Jésus est le «Seigneur Jésus».

LA RESPONSABILITÉ QUI EN DÉCOULE

« Comme ils étaient là, les yeux fixées au ciel pendant que le Christ s’en allait, voici que deux hommes vêtus de blanc se trouvèrent à leurs côtés ; ils leur dirent : Hommes et femmes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ?»

C’est à nous maintenant de continuer l’œuvre de Jésus qui nous accompagne de façon mystérieuse : « Voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ». Dieu nous fait confiance et fait de nous des partenaires qui ont à construire le monde rêvé par lui.

Si nous la mettons en oeuvre, la foi chrétienne est une force irrésistible qui donne un sens à notre vie et nous aide à faire de notre monde une communauté plus humaine où règnent la paix, la joie, le pardon et le partage. À la suite du Christ, nous sommes invités à construire la cité humaine sur les bases solides des valeurs du Royaume de Dieu.

L’Église sera son « corps mystique » pour qu’au long des temps, dans sa faiblesse, sa fragilité et aussi dans la constance d’une conversion toujours recommencée, elle annonce en en vivant, ce qu’elle a vu, entendu, touché du Verbe de Vie (1 Jean 1, 1). Pour qu’elle pose les signes sacramentels de sa présence jusque dans les bas-fonds de l’existence humaine, jusqu’aux limites de notre monde.

année liturgique B