Homélie du dimanche 28 février

Dimanche 28 février 2016
Troisième dimanche de Carême

Références bibliques :
Lecture du livre de l’Exode : 3. 1 à 15 : “J’ai vu la misère de mon peuple.”
Psaume 102 : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. »
Lettre de saint Paul aux Corinthiens : 10. 1 à 12 : “Destinés à nous servir d’exemple pour nous empêcher de désirer le mal.”
Evangile selon saint Luc : 13. 1 à 9 : Peut-être donnera-t-il du fruit dans l’avenir ?”

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“Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de toi. Tu nous as dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage; écoute l’aveu de notre faiblesse. Nous avons conscience de nos fautes. Patiemment relève-nous avec amour.”

La prière d’ouverture de la messe de ce dimanche peut nous servir de points d’appui dans la lecture des divers textes de l’Ecriture que l’Eglise nous nous donne à méditer en cette eucharistie.

ECOUTE L’AVEU DE NOS FAIBLESSES.

A la parole de Dieu au buisson qui brûle sans tomber en cendres (signe de la permanence de Dieu, de son incorruptibilité, de son éternité), Moïse répondit :”Qui suis-je, Seigneur, pour aller rencontrer le Pharaon ?” Le Seigneur nous donne sa réponse qui est celle de la foi qui nous est demandée :” Je serai avec toi.” (Genèse 3. 11 et 12)

Saint Paul met en garde les Corinthiens :” Celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber.” (1 Cor. 12) Si notre confiance ne repose que sur nos seules forces, nous avons toute chance qu’elles n’arrivent pas à nous apporter les solutions. Ce n’est pas nous qui pouvons décider des événements à venir qui interviendront par delà nos souhaits et nos désirs. Nous sommes souvent incapables de tenir seuls devant eux.

Et Jésus rappelle à ses auditeurs qu’ils ne sont pas meilleurs que les autres :”Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens. ?” Luc 13. 2)

Ce que le Christ nous demande, c’est d’avoir l’humble et réaliste conscience que nous sommes pécheurs. C’est de reconnaître cette vérité et le dire : « nous commettons le péché. »

TU NOUS AS DIT COMMENT GUERIR DU PECHE

Pour cela il est nécessaire de relire l’histoire de nos pères dans la foi afin de tirer de leur expérience comment ils ont vécu avec Dieu et en Dieu, c’est-à-dire sa tendresse et son exigence.

Sa tendresse

”J’ai entendu ses cris… je connais ses souffrances… je suis descendu pour le délivrer.” (Genèse 3. 7 et 8) Mais Dieu n’agit jamais sans la libre collaboration de l’homme. Il lui faut l’action de Moïse, jointe à la sienne : “Je t’envoie chez Pharaon; tu feras sortir d’Egypte mon peuple.” (Genèse 3. 10)

Si nous lisons ainsi le passé pour en tirer un profit présent, nous ne serons pas pris au dépourvu :”Ces événements étaient destinés à nous servir d’exemple.” (Corinthiens 10. 11) Le grec de saint Luc est plus précis : ces événements sont “typiques” pour nous. “Typicos”, caractéristiques de ce qui nous arrive à nous aussi.

Et le Christ exprime la tendresse de Dieu par la conclusion de la parabole du figuier stérile : “Laisse-le encore cette année… peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir ? (Luc 13. 9) Dieu est patient.

Son exigence.

Patient mais exigeant. Jésus le rappelle à ses auditeurs à l’occasion de deux événements d’actualité, comme il leur rappelle ce que Dieu attend d’eux. Ces événements les concernent par ce qu’il signifient pour eux. Ils n’ont pas à les interpréter pour les autres.

Il leur dit en effet, ils sont pécheurs à vos yeux. En fait, Pas plus que vous. Ne jugez pas. Vous avez à faire pénitence, ou plus exactement, à retourner votre conduite dans un tout autre sens. Là encore saint Luc est précis. Il emploie le verbe “metanoieiv”, que nous traduisons par “convertissez-vous.” Entendons-le même si c’est d’une manière imagée, au sens des skieurs. “Faire une conversion”, c’est déplacer le sens de ses skis, en faire un retournement, pour prendre une direction tout à fait différente.

“JE SUIS”

Moïse, seul dans le désert, observe un curieux phénomène. Il s’avance et vient voir de plus près ce buisson étonnant qui est en flamme, sans tomber en cendres. C’est à ce moment qu’il entend cet impératif qui l’arrête:” N’approche pas.” S’il ne peut pas voir, il peut, par contre, entendre, parler et répondre.

Nous assistons alors à un dialogue serré entre lui et Dieu, un dialogue de confiance, celle de la foi qui a déjà accepté la mission, mais demande comment il pourra l’expliquer et l’accomplir. Il n’hésite pas à demander : “Dis-moi comment t’appeler.” Ce qui est la clef de toute communication et de toute connaissance

Et Dieu répond à cette demande : “Je suis celui qui est.” En fait, il faudrait traduire d’un autre manière ce terme hébreu de la Bible, même si ce n’est pas une expression française courante :”Je suis : Le “étant.”, un participe présent. Faisons un peu de grammaire. La caractéristique du verbe au participe présent, c’est qu’il est présent aussi bien au passé, qu’au futur, qu’au conditionnel. « Etant là, j’ai fait. Etant là, je peux faire. Etant là, je ferai. » Etant là, je pourrais faire. Nous participons présentement, quel que soit le moment que l’on évoque.

Dieu n’est pas l’être vivant d’un moment ou d’un instant. Il est l’Eternel Présent et agissant : Le Dieu de nos pères est avec nous et pour toujours. Il est celui qui est, qui était et qui vient.

Devant le questionnement de Moïse, Dieu ne s’est pas fâché, il lui a expliqué. Le psaume de ce dimanche nous le redit :”Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint.” (Psaume 102)

Saint Paul nous rappelle que ”ces événements étaient destinés à nous servir d’exemple.” Nous avons donc à relire ainsi cette rencontre au buisson ardent, ce moment extraordinaire de l’histoire de la relation de Dieu avec les hommes, qui se réalisera plus encore et en plénitude, en la personne de Jésus, totalement et pleinement homme, totalement et pleinement Dieu.

En la personne de Jésus qui, dans l’Evangile de saint Luc, nous redit la tendresse d’un Dieu patient devant nos faiblesses et nos fautes :”Laisse-le encore une année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir.” (Luc 13. 9)

« Ecoute l’aveu de notre faiblesse. Nous avons conscience de nos fautes. Patiemment, relève-nous avec amour. » (Oraison d’ouverture de la messe)

année liturgique B