Homélie pour le samedi 1er novembre

Le calendrier mensuel des postes ou celui d’un agenda comme celui qui s’égrene sur Google ont bien quelques noms de saints, mais qui sont-ils et certains apparaissent ou disparaissent, alors qu’on nous dit qu’ils sont des milliers inscrits sur le « martyrologe » romain ou dans les synaxaires orthodoxes.

CONNUS ET INCONNUS

Ce Sanctoral n’est pas à jour et… ne le sera jamais! Dieu merci, il faut s’en réjouir! Cela signifie qu’il y a déjà des saints parmi nous et.. que nous ne les connaissons pas! Cela signifie que la liste des saints est toujours ouverte

Cela signifie que, dans l’action de grâce et la foi, l’Église visible et invisible attend de son Seigneur sa force et son amour en des vies d’hommes et de femmes!

Le Sanctoral reste ouvert. Mieux, chacun de nous est invité à répondre à la grâce du Seigneur pour que son nom y soit marqué. Certes, il est plus que probable que, si nous devenons des saints, nous ferons partie des saints inconnus! Ceux dont le nom ne sera que dans le livre de Vie qu’ouvrira l’Agneau au jour de notre rencontre éternelle avec Lui, malgré nos faiblesses.

En célébrant aujourd’hui tous ceux-là, connus ou inconnus, nous sommes invités à reprendre conscience de l’immense chaîne d’amour qui se poursuit au long des
siècles.

Nous trouverons alors la force de « rejeter tout fardeau, et le péché qui nous assiège, et de courir avec résistance l’épreuve qui nous est proposée, fixant les yeux sur Jésus» (He 12, 1-2).

UNE FOULE IMMENSE

Les premiers chrétiens ont connu parfois le désarroi, face à la persécution déclenchée par l’Empire romain totalitaire. Le «Jour du Seigneur», tant attendu, ne viendra-t-il donc pas affirmer son triomphe?

L’Apocalypse apporte un message d’espérance. Le « Jour du Seigneur » est bien là. S’il n’est pas pleinement sensible aux humains, il s’affirme à ceux qui, par la foi, voient au-delà des apparences. Déjà ceux qui ont suivi Jésus dans l’épreuve triomphent pour toujours. Venus de tous les points de l’horizon, ils rendent gloire à Dieu.

 » J’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main.

 » Et ils proclamaient d’une voix forte: « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau! » Tous les anges qui se tenaient en cercle autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants, se prosternèrent devant le Trône, la face contre terre, pour adorer Dieu.

 » Et ils disaient: «Amen! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles! Amen! L’un des Anciens prit alors la parole et me dit: «Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ?» Je lui répondis: « C’est toi qui le sais, mon Seigneur.» Il reprit: «Ils viennent de la grande épreuve; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau.»

LES BÉATITUDES

Une foule immense, qui, sans les connaître ni les avoir entendues, ont vécu les béatitudes et la ‘chance’ qu’elles donnent à ceux qui les mettent en pratique.

Quelle chance vous avez d’avoir fait cela … Chanceux, comme l’ont disait jadis dans les villages de France.

Mais qui sont-ils ceux qui viennent de tous ces horizons ?

Combien de Marie Madeleine, à qui le Christ peut dire : « Il leur sera beaucoup pardonné parce qu’elles ont beaucoup aimé »…Luc 7.47  » Les prostituées vous précéderont dans le Royaume… » Mt 21.31. Combien de Zachée, de profiteurs et d’escrocs, qui lui ont ouvert leur cœur ?: « Descend vite, je vais chez toi… » « Chez un pécheur il est allé loger » Luc 19 .7

Combien de condamnés dans les mines romaines, les camps de concentration ou les goulags, oubliés des hommes ? « Souviens-toi de moi dans ton Royaume… »Aujourd’hui même… »Luc 23.43, répond le crucifié Jésus.

Combien de Pharisiens qui, Nicodème ou Joseph d’Arimathie ont recueilli le Christ victime de l’amour au pied de sa croix. ? Jean 19.39. Combien d’incroyants qui, sans être saint Pierre à Césarée de Philippe mais le centurion de service, ont dit : »Celui-ci était vraiment le Fils de Dieu. »Marc 15.39

Et les autres quand ont-ils découvert cela ? le chaman de Sibérie ou le nomade du Sahara, le shinto du Japon ou l’hindou des bords du Gange, l’Inca de la Cordillère des Andes et l’aborigène de l’Australie, Spartacus et les esclaves crucifiés et tant de milliards d’autres qui n’ont jamais entendu la parole de l’Evangile, mais qui l’ont vécue car la grâce de Dieu ne peut négliger aucun des enfants qu’il a éveillés à la vie.

LE DON DE LA VIE DE DIEU

« Toute la création proclame ta louange, car c’est toi qui donnes la vie, c’est Toi qui sanctifies toutes choses. » (PE III)

Même non baptisés, ils ont ainsi participé au don de la vie que Dieu fait à tout homme. Et pour cela ils l’ont accueillie en eux, en assumant sans en avoir connaissance, cette merveille que d’être fils et filles de Dieu, avec les richesses qu’Il leur a données, avec les faiblesses que la force de la grâce et de l’Esprit-Saint leur a fait surmonter.

Ils sont devenus semblables à Lui, imparfaitement sans doute. Mais le salut leur est donné par notre Dieu et par l’Agneau. Ils seront éternellement semblables à Lui parce qu’ils le verront tel qu’il est.

Ils avaient reçu son souffle de vie et son souffle d’amour . Ils ont accueilli ce grand mystère, sans savoir qu’il était le mystère même de la vie trinitaire. Le secret des saints, de tous les saints, c’est de devenir collectionneurs de positif, de vivre avec enthousiasme, intensément, avec la passion de Dieu, même quand ils ne le connaissent pas

Ils sont partis sur le chemin que Dieu leur a ouvert. Pas à pas, comme si chaque jour était le premier du reste de leur vie. Et le dernier jour fut le premier de la vision totale de ce Dieu vers qui ils marchaient, parfois à tâtons, parfois en tombant.

Ils ont pris le risque d’aimer et de porter en eux et autour d’eux la joie d’être enfants de Dieu.

Les saints ne sont pas des statues de plâtre, ils sont des vivants. Et puis un jour, ils ont découvert que leurs manquements à la morale ont moins d’importance que les manquements à l’amour. « Il lui est beaucoup pardonné parce qu’elle a beaucoup aimée ». (Luc 7.47)

***

« Dieu qui es saint, toi que nous admirons et adorons en célébrant la fête de tous les saints, nous implorons ta grâce. Quand tu nous auras sanctifiés dans la plénitude de tout amour, fais-nous passer de cette table, où tu nous as reçus en pèlerins, au banquet préparé dans ta maison. » (Prière après la communion)

année liturgique B