Divorcés-remariés : « Quelque chose à faire en Eglise de la part du Christ »

Père Gérard Berliet, responsable de la pastorale auprès des fidèles divorcés remariés dans le diocèse de Dijon.

Père Gérard Berliet, responsable de la pastorale auprès des fidèles divorcés remariés dans le diocèse de Dijon.

Présent au Synode des évêques sur la famille à Rome, le Père Gérard Berliet, prêtre du diocèse de Dijon, accompagne des personnes séparées, divorcées et divorcées remariée sau sein de l’association « Miséricorde et Vérité ». Il invite l’Eglise à mieux accompagner les couples mariés. Par ClR

Cela peut prendre 5, 10 ou 20 ans de s’ouvrir au Christ et de se laisser transformer par Lui. « C’est sans importance. Comprendre et vivre la volonté de Dieu peut prendre toute une vie » assure le Père Gérard Berliet, responsable de la pastorale auprès des fidèles divorcés remariés dans le diocèse de Dijon.

L’association propose un parcours « pratique et pédagogique » sur une année, repris par d’autres mouvements et associations d’Eglise (Communauté de l’Emmanuel, Chemin neuf…) Il s’agit de « repères pour grandir en humanité » précise-t-il. Pour ces baptisés, le lien avec l’Eglise « s’apaise et reprend vie. Des pardons jugés impossibles – au conjoint du sacrement de mariage, souvent sont donnés. Nous observons de véritables transformations ».

D’où vient le sentiment d’exclusion exprimé par les personnes divorcées remariées ? « Il commence souvent dans la famille, avant d’être éprouvé dans la société et dans les communautés chrétiennes ». Il ajoute : « Pour aider les fidèles remariés à en sortir, on part de l’identité de baptisé qu’ils ont commun avec tous les autres membres de la communauté ».

Accompagner les couples mariés : un chantier énorme

 

En France, la pastorale des personnes divorcées remariées est très diversifiée. Le Père Berliet estime que la démarche initiée dès 1975 par le Père Jacques Nourissat, d’abord à Montréal (Canada),à Dijon, puis à Paris de 1998, est « un acte de confiance en l’Eglise ». Nous avons cru qu’à travers elle, le Christ Jésus appelle à la conversion, à la vie. Les cheminements des personnes nous le confirment ».

Cette expérience pastorale lui a apporté « une meilleure compréhension du lien entre les sacrements ». Notamment l’eucharistie et le mariage, indissolublement liés. Alors, communier ou pas ? Pour lui, la question est mal posée. Le Christ Jésus veut surtout aider ces personnes à unifier leur vie alors qu’ils la verraient volontiers comme des « tranches sans lien entre elles », et à la considérer sous son regard. Faire cela, c’est une vraie relation à Lui, comme la communion.

Dans le sacrement de mariage, « Le lien conjugal est plongé dans l’amour trinitaire, poursuit le P. Berliet. Il existe un rayonnement particulier des foyers quand ce lien est vécue dans la foi ». Selon lui, la préparation au mariage – « formation de la foi » – a le mérite d’exister. En revanche, il considère l’accompagnement des couples mariés comme « un chantier énorme ». Or « il est dans la nature de l’Eglise d’assurer ce service ».

Une sainteté est possible dans ce nouveau lien

 

Le Père Berliet va plus loin au sujet du remariage. Même si Dieu « n’approuve pas le nouveau lien», les appels à la conversion et à la sainteté restent les mêmes que pour tous les baptisés. Les divorcés remariés sont appelés au pardon, à la charité, à transmettre la foi aux enfants. « Leurs forces baptismales – foi, espérance, charité – les façonnent et sont le moteur de leur vie en Christ ».

Du Synode sur la famille, il espère « un apaisement » et « un approfondissement ». Il compte sur l’Esprit Saint pour faire l’unité, « la croissance dans la communion : sans perdants ni gagnants ». Il attend aussi des éclairages concrets pour mettre en œuvre les décisions romaines dans les Eglises particulières.

 

Sur le même thème