L’Évangile est une bonne nouvelle pour toutes les familles !

Patrick GoujonLe pape François avait demandé au cardinal Walter Kasper d’introduire la discussion sur les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation, lors du consistoire de février 2014. Le théologien jésuite Patrick Goujon, historien de la spiritualité, nous donne quelques clés de lecture de cette intervention, récemment publiée en français sous le titre « L’Évangile de la famille » (Ed. du Cerf).

Sur quoi s’appuie le cardinal Kasper pour ouvrir la réflexion sur les défis pastoraux de la famille ?

Son point de départ, c’est la foi en Jésus-Christ sauveur de tous les hommes. Cela veut dire deux choses : tout d’abord que la conception chrétienne de la famille peut s’adresser à tous indépendamment des croyances et de la foi. Deuxièmement, si l’on parle de « sauveur », c’est qu’il y a un péril. Sa vision de la famille ne part pas d’un idéal mais des réalités contrastées de la famille, telles qu’on les trouve dans la société contemporaine, et telles que la Bible déjà les présente. Les défis pastoraux sont de deux ordres. L’environnement socio-politique expose les familles à l’exil, aux expulsions économiques, aux conditions de travail qui rendent précaire la vie de famille. Dans ce tableau de la fragilité des familles le cardinal introduit un second élément : il constate un écart insatisfaisant entre la doctrine de l’Eglise et les fidèles.

La vision chrétienne de la famille est bien un chemin de salut offert à tous ?

La famille appartient à l’humanité tout entière. Elle n’est pas d’abord le propre des chrétiens. La foi chrétienne reconnaît la haute valeur de ce fait universel de la culture. Ce que le christianisme souligne, avec son audace propre, c’est que la famille est ce par quoi l’existence des hommes atteint son accomplissement. La bonne nouvelle de l’Évangile rejoint l’humanité dans son attente universelle de respect de l’autre : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il y a là de quoi se doter de critères sûrs pour que la famille soit un lieu d’accomplissement de l’humanité et non son lieu d’asservissement.

Venons-en à la question des personnes divorcées et remariées. Elle ne peut donc pas être isolée de l’ensemble de la réflexion ?

Le cardinal Kasper défend fermement une vision traditionnelle de la foi chrétienne, selon laquelle les disciples de Jésus-Christ offrent un service de consolation, au sens fort du terme : l’Église relaie de manière responsable le soutien que Dieu lui-même apporte indéfectiblement à l’humanité.

En fin de compte, que propose le cardinal Kasper pour les divorcés remariés ?

On présente parfois la position du cardinal Kasper comme remettant en cause l’indissolubilité du mariage. Sans doute l’a-t-on mal lu, car il dit explicitement le contraire ! Le cardinal Kasper propose une démarche de conversion et reconduit la signification de l’indissolubilité à sa racine évangélique. L’indissolubilité n’est pas d’abord de portée juridique. Elle est signe de la fidélité de Dieu, indéfectiblement miséricordieux. L’Eglise peut en être le témoin et l’offrir comme voie de salut, de soutien, aux personnes divorcées, sans qu’il soit question de reconnaître un second mariage sacramentel. Nourri de sa longue expérience pastorale, le cardinal Kasper propose, pour toutes les familles, des chemins praticables.

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