Message du presbyterium du diocèse des Cayes

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Mgr Guy Poulard, évêque des Cayes en Haïti, est un ami. Il était venu vivre une formation théologique en France, durant son ministère presbytéral. Il a également confié des séminaristes haïtiens à la formation animée par les séminaires de France. C’est donc avec émotion et fraternité que nous relayons le message de son presbyterium au peuple haïtien lui-même. Comment ne pas l’accueillir et se sentir mobilisés avec nos frères : « Tenons, avec eux, le flambeau de l’espoir allumé ! » Mgr Bernard Podvin, Porte-parole de la Conférence des évêques de France.
Frères et sœurs en Jésus Christ, compatriotes haïtiens, l’Evêque du diocèse et le presbyterium vous saluent et vous disent : Courage !

L’épreuve est rude : des personnes sont mortes, d’autres sont portées disparues, des maisons sont détruites. Des édifices publics de l’Etat et de l’Eglise ont succombé. Mais nous sommes là, bien vivants. Tenons le flambeau de l’espoir allumé !

Face à cette désolation, divers questionnements demeurent possibles. Croyant en Dieu, nos regards se tournent spontanément vers Dieu. Vivant selon les réflexes des gens de l’Ancien Testament, nous aurions pu avouer que nous payons nos fautes. Nous ne sommes pas de ce temps. La Parole de Dieu nous éclaire davantage. Dieu n’est pas pour nous torturer : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’ il ait la vie et la vie éternelle. Il n’a pas envoyé son fils pour condamner le monde mais pour le délivrer » (Jn 3, 16-17)

Notre présente désolation n’est pas la conséquence d’une malédiction de Dieu.

La science nous montre que la nature a ses lois d’organisation au-delà de ce que l’intelligence humaine peut faire pour la dompter. Aussi, nous apprend-elle que nous ne pouvons pas l’empêcher de se manifester et qu’au mieux nous pouvons limiter ses manifestations dans la gestion respectueuse du droit à la vie selon nos relations avec notre environnement, celui de notre pays. Ce tremblement de terre meurtrier qui handicape notre population, qui réduit et anéantit notre espace vital nous fait ressentir un besoin urgent de nous solidariser.

Nous saluons les efforts individuels et particuliers des commis de l’Etat et de la communauté internationale, les dévouements des travailleurs de la santé, les organisations non-gouvernementales, les organismes de l’ Eglise catholique et nous citons: Caritas, Catholic Relief Services, la Société Saint-Vincent de Paul, Projet Espoir Sud, ceux des cultes réformés qui n’ont rien ménagé pour secourir les victimes.

De grands efforts sont consentis et déployés pour sortir des gens sous des structures de béton effondrées et pour permettre à des blessés d’atteindre des centres de santé. Une forte prise de conscience est nécessaire de la part des gens du commerce pour ne pas augmenter le prix des produits; de la part des transporteurs face au prix du transport en commun; de la part des distributeurs des produits pétroliers pour ne pas augmenter ni conserver pour le marché noir ces produits. Nous félicitons l’honnêteté et le sens de la solidarité de ces personnes qui agissent déjà en ce sens et nous sollicitons la bonne compréhension des réticents.

Nous apprécions l’effort de solidarité de la communauté internationale et des organisations non-gouvernementales. Ceci prouve que la collaboration entre les peuples reste encore une valeur de haute qualité. Il faut s’en féliciter !

Nous souhaitons que nos dirigeants ainsi que la communauté internationale qui veut nous aider dans la reconstruction du pays, intègrent la question de la décentralisation par la mise en place, dans chaque département, de structures et d’infrastructures nécessaires aidant à l’amélioration de la qualité la vie des gens : emplois, écoles allant du préscolaire à l’université, institutions autonomes pour la gestion des biens de l’Etat, proximité des services de l’Etat en faveur des citoyens, promotion d’investissements publics et privés, construction de routes, de ports et d’aéroports ; ceci dans tous les départements et compte tenu des modèles de développement qui cadrent à nos réalités haïtiennes et qui répondent aux exigences scientifiques de notre temps.

Le chemin est long. Bon nombre d’entre nous peuvent s’essouffler. D’autres peuvent penser à l’immigration illégale. Le chemin est long, il sera difficile.

Nous avons besoin de la prière, de beaucoup de prières; non pas de celles qui accusent Dieu de nous avoir puni pour nos fautes; non pas de services religieux qui profitent de la misère de notre peuple pour l’attirer dans nos assemblées, non pas d’un culte qui entretient la peur mais d’une prière d’un enfant à son père, d’ une prière éclairante et révélatrice sur ce que nous devons faire.

Que l’Esprit Saint nous éclaire en ces temps difficiles !

L’épreuve est rude : des personnes sont mortes, d’autres sont portées disparues, des maisons sont détruites. Des édifices publics de l’Etat et de l’ Eglise ont succombé. Mais, nous sommes là, bien vivants. Tenons le flambeau de l’espérance allumé !
Soyons solidaires pour rebâtir Haïti !

Mgr Guy Poulard, évêque des Cayes en Haïti
25 janvier 2010

Traduction / Adaptation française de Michel Riquet Dorimain, MTh., M. A.
Directeur du Collège Jean-F. Brierre de Jérémie
Grand’ Anse, Haïti