Visages et témoignages de pèlerins vers Saint-Jacques

Missionnaire, initiatique, la route qui mène à Saint-Jacques de Compostelle est aussi chemin de grâces ou d’aventure pour nos pèlerins témoins.
 

Le chemin missionnaire du Père Sonnier

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A la paroisse St Pierre du Gros Caillou (Paris 7e) où il est vicaire, le Père Patrice Sonnier organise chaque mois une rencontre spirituelle autour du pèlerinage. Et c’est sur le tombeau de l’Apôtre qu’il a célébré, en 2003, une messe pour clôturer son ordination. Membre d’un Institut espagnol de vie consacrée, les Missionnaires Identès*, (de « Idente », aller de l’avant sur les pas du Christ) dont deux pôles de la mission sont les jeunes et le dialogue avec la culture, il a souvent suivi la Route Jacobéenne Idente Astorga-Compostelle avec des groupes internationaux d’une trentaine de jeunes. « Il y a toujours, dit-il, un moment où tout bascule, où l’on quitte le statut de randonneur pour devenir pèlerin à cause du contact avec la terre, du silence, de la fatigue, du dépouillement. On découvre en nous une faiblesse et une espérance ». Accompagnateur d’autres pèlerinages à Rome et en Terre Sainte, il définit ainsi la spécificité de Compostelle : « Une marche qui s’accompagne d’une démarche spirituelle ».
 

Un chemin initiatique pour Jacques

C’est un récidiviste : an 2000 l’Anjou-le Cap Finisterre, 2003 Le Puy-Lectour avec son épouse, 2004 et 2005 la partie espagnole en deux tronçons avec des amis. La première fois, c’était « son challenge pour le tournant du siècle, un break d’après retraite afin de se recentrer sur l’important ». 73 jours à expérimenter « le fait d’être regardé en tant qu’étranger réclamant l’hospitalité » et réapprendre qu’« il y a des gens bien partout indépendamment du rang social et de la fonction » Des gens modestes lui ont laissé frigo et clefs, un moine l’a emmené dans son abbaye, il a dormi dans un château… Des rencontres « formidables » qui l’ont davantage marqué que Santiago, la « touristique ». Quant à sa recherche de foi, « on fait tout le chemin et, observe-t-il non sans ironie, on s’aperçoit que la réponse est près de chez soi ».
 

Le chemin de grâces de Pascal

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« Laissant aussitôt leur barque et leur père, ils le suivirent » (Mathieu 4,18-22). C’est sur cette exhortation évangélique que sa Bible s’est ouverte en tombant, le jour où il avait décidé d’en finir avec la vie. Des amis ont alors évoqué St-Jacques. Conseil suivi en août 2003 : 180 km Orthez-Pamplune malgré la canicule. « J’ai accompli mon chemin de croix », se souvient Pascal. Nouvelles étapes en août 2004 puis 2005 et 2006. Au bout, à Santiago, la peur d’arriver, l’hôpital pour cause d’épuisement, la visite de la ville et « une véritable guérison ». Pascal a voulu « rendre toutes les grâces reçues le long du chemin ». Depuis, pendant ses vacances, il est hospitalier dans le Gers puis l’Aveyron, « accueillant dans chaque pèlerin le visage du Christ ». Il reçoit également chez lui et travaille avec l’office du tourisme de Thouars (Deux-Sèvres) pour faire connaître cette partie du chemin.
 

Un chemin d’aventure de Romy

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En cours d’espagnol, une photo de pèlerins posant devant la cathédrale espagnole a entraîné Romy dans une sacrée expédition : partir, à 19 ans, en solitaire, sur le chemin ! Internet l’a heureusement mis sur la route de l’Association Rhône-Alpes des amis de Saint-Jacques, « au grand soulagement de ses parents ». Quelques réunions, des informations pratiques et, le 7 juin 2008, bénie par le curé de Frangy, Romy partait de chez elle, en Haute-Savoie, pour trois mois de plat ou de rudes dénivelés, d’épuisement (« mais jamais de découragement »), de recentrage intérieur et de « belles rencontres ». Arrivée à Santiago « à reculons » et malgré tout contente d’aboutir, Romy affirme que ce « chemin, qui n’est pas celui d’une randonnée classique, a renforcé sa foi ». D’ores et déjà, elle rêve de repartir… Cette fois-ci cap sur… Rome, mais accompagnée.

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