« Joie de vivre et difficulté de survivre », interview de Mgr Fidèle Agbatchi, archevêque de Parakou au Bénin

Mgr Fidèle Agbatchi archevêque de Parakou au Bénin

Mgr Fidèle Agbatchi, archevêque de Parakou au Bénin, a participé à Rome au Synode des évêques pour l’Afrique (4-25 octobre 2009). De passage à Paris le 27 octobre, il était invité à témoigner sur Radio Notre-Dame puis à la cathédrale de Pontoise.
A 400 km de la côte, Parakou est la plus grande ville du Nord du Bénin. L’archidiocèse de Parakou s’étend sur 90 km du Nord au Sud et autant d’Est en Ouest. Les catholiques y représentent moins de 15% de la population, à prédominance musulmane ou appartenant à la religion traditionnelle. Mgr Agbatchi, 59 ans, est archevêque de Parakou depuis l’an 2000.

Quel est le visage de la communauté dont vous êtes le pasteur ?

La plus grande partie de l’effectif des chrétiens est composée des gens venus du Sud, évangélisés avant nous. Ils sont fonctionnaires, enseignants ou encore commerçants. Mon travail revient presque à animer l’aumônerie des gens du Sud ! Mais les conversions se font de plus en plus parmi les habitants du lieu.

Comment avez-vous accueilli ce Synode pour l’Afrique ?

Je l’ai accueilli comme un trait de bienveillance de la Mère-Eglise envers sa fille qui est en Afrique. C’était l’occasion pour la fille de se rendre auprès de la Mère pour lui raconter son expérience, ses joies et lui présenter aussi ses douleurs, la joie de vivre et la difficulté de survivre. Comme c’était le 2e Synode des évêques pour l’Afrique, j’y ai trouvé une certaine abondance de bienveillance de la part de la Mère-Eglise envers l’Afrique. Je sais aussi que cela répond à certaines situations africaines particulièrement tragiques qui appellent vraiment l’attention de la Mère.

Qu’en retenez-vous ?

J’attendais du Synode non pas un coup de baguette magique mais l’occasion de donner à l’Afrique un autre sursaut pour qu’elle se prenne davantage en mains. Je conçois cela comme quelque chose de plutôt interne à l’Afrique. Je n’attendais pas quelque chose de l’extérieur pour la pousser mais quelque chose qui lui donne un autre sursaut. Je crois qu’on a ce sursaut. Comme la plupart des Pères synodaux africains qui ont analysé la situation africaine sans condescendance ni complaisance et qui ont écouté les Pères des autres continents, je crois que nous sommes repartis très encouragés à reprendre notre ministère sous un jour nouveau.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux catholiques en France ?

Ce que je voudrais dire ne vient pas de moi mais du Synode. Il a lancé un appel aux chrétiens du Nord pour qu’ils continuent à porter assistance à ceux du Sud que nous sommes. Il y a eu cette interpellation-là. Il y a eu aussi la reconnaissance manifeste des chrétiens du Sud d’avoir été évangélisés par l’Europe. Cette reconnaissance-là, nous n’avons pas voulu passé outre. C’est la base de tout. Les fils et filles de l’Europe se sont donnés, ont donné leur vie pour nous évangéliser et nous savons dans quelles conditions, des conditions que nous ne voudrions pas vivre nous-mêmes aujourd’hui. Nous sommes très reconnaissants pour cela et nous leur demandons de continuer de nous assister.

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