« Partons à la reconquête du septième art ! »

di Falco-Léandri Jean-Michel - Gap

Sept personnes autour d’un président forment le jury de Kaléidoscope, festival chrétien du film court francophone qui se déroule à Poitiers du 23 au 24. Professionnels des différents secteurs de la production audiovisuelle, hommes d’Église : tous sont des passionnés ! Rencontre avec Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, évêque de Gap et d’Embrun, président du Conseil des évêques de France pour la communication et président de la Commission des évêques d’Europe chargés des médias.
Pourquoi avez-vous accepté de participer au jury du festival ?
Je crois qu’il est fondamental que l’Église soit visible et active au cœur même du cinéma. Or, nous n’avons pas toujours suffisamment conscience de l’impact de cette industrie auprès du grand public et jusqu’à quel point il contribue à façonner notre culture. Notre responsabilité est d’accepter ce rôle incontournable de l’image en mobilisant toutes nos énergies pour œuvrer ici à la gloire de Dieu et à la dignité de l’homme. Tout ce qui touche l’homme intéresse l’Église. Notre devoir de chrétien est de proclamer la bonne nouvelle en offrant à tous la source d’Espérance qu’est la résurrection du Christ. Et mieux que tout autre, le septième art peut contribuer à cette annonce.

Dans quel esprit abordez-vous ce rôle ?
J’aborde ce Festival sans idée préconçue, avec le regard neuf et bienveillant de celui qui rêve d’être surpris. « Ne crains pas d’innover, d’inventer, de créer. Sois audacieux ! » disais-je encore au jeune prêtre que j’ai ordonné en juin dernier. C’est particulièrement vrai pour les réalisateurs mais c’est aussi le cas pour les membres du jury qui, avec Stijn Coninx, président du Festival, auront la responsabilité de décerner les prix, je pense notamment au prix Kaléidoscope et espoir « jeunes ». Je m’enthousiasme à l’idée de pouvoir partager mes réflexions avec les membres du jury et suis impatient de pouvoir rencontrer les réalisateurs ! La rencontre, comme le dit l’un des titres des films sélectionnés, est toujours un pari, un risque, qu’il faut oser si l’on veut engager l’avenir de manière responsable.

Quels sont, pour vous, les critères de sélection les plus importants ?
La pédagogie et la qualité. La recherche de l’originalité ne doit pas se faire au détriment de la compréhension. Les critères retenus posent avant tout un cadre et une ligne de conduite nonobstant la dimension universelle du film et son utilisation à des fins catéchétiques. Tous les thèmes et tous les genres sont les bienvenus. Les critères ne doivent donc pas limiter notre regard sur les œuvres ou imposer une orientation particulière. Néanmoins, l’originalité ou la singularité du court-métrage, la faculté de son réalisateur à dépasser les carcans culturels, sociologiques et mêmes techniques de son milieu sont selon moi prioritaires. Il nous faut trouver la perle rare à même de marquer les consciences !

Que souhaitez-vous faire découvrir au public à cette occasion ?
Je dirai que le Kaléidoscope de Poitiers peut contribuer à la prise de conscience que le cinéma peut être au service de la catéchèse. J’ai cette année entendu beaucoup de critiques à l’égard de la sélection officielle du Festival de Cannes, parfois à juste raison. Le Festival chrétien du film court francophone est ouvert à tous, y compris aux internautes qui pourront décerner un prix. Il devient ainsi l’occasion pour chacun de mettre ses valeurs au service d’une critique constructive. Plutôt que l’anathème, montrons-nous force de proposition et partons à la reconquête d’un art qui mérite la place qui lui revient : la septième dans l’ordre d’apparition, mais la première pour la majeure partie de la planète !

Quel regard portez-vous sur cette manifestation ?

Les dix-huit films sélectionnés par le Festival proviennent d’horizons divers et sont probablement tous de grande qualité. Le choix sera par conséquent difficile. Ma joie est grande de voir que l’Église est à l’initiative de cette manifestation. Depuis les Assises de l’audiovisuel en 2005 et le congrès Ecclésia en 2007, pour la première fois producteurs, réalisateurs et utilisateurs de films courts vont se réunir à Poitiers. Inscrire le message chrétien dans le monde d’aujourd’hui ne doit pas être un vain mot. Par ce biais, l’usage catéchétique du cinéma pourrait parvenir ainsi à toucher les cœurs à des carrefours où l’Église n’est pas toujours attendue, je pense à la jeunesse en particulier.
 

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