Damien De Veuster : un martyr de la charité

Damien de Veuster

Le dimanche 11 octobre 2009, le même jour que Jeanne Jugan, la fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres, sera canonisé Damien De Veuster, missionnaire picpucien1 belge mondialement connu en tant qu’apôtre des lépreux.
1 du nom du lieu (au n°37 rue de Picpus) où la congrégation des Sacrés-Cœurs s’est établie à Paris

« Nous sommes conscients que Damien n’est pas seulement « à nous ». Damien est un frère universel, modèle d’humanité, apôtre des lépreux, héros de la charité, inspiration pour tout être humain qui se sent appelé à servir les exclus et les oubliés, fierté des Belges et des Hawaïens, gloire de l’Eglise entière. Sa force et son influence vont bien au-delà des limites de notre Congrégation », écrivaient, le 10 mai dernier, les supérieurs généraux des Sacrés-Cœurs, Sœur Rosa Marie Ferreiro et le Père Javier Alvarez-Ossorio, aux frères et sœurs de leur congrégation.

Déjà, en son temps, l’apôtre des lépreux de l’île de Monokaï était aussi célèbre que peut l’être Mère Teresa aujourd’hui. Les dons affluaient pour lui d’Europe, d’Amérique et même d’une paroisse anglicane d’Angleterre. Des médecins et des écrivains lui rendirent visite dont Robert Louis Stevenson qui devint son ami. Le peintre protestant Edward Clifford réalisa plusieurs portraits de lui. Quant à Gandhi, il déclara : « Le monde politique et journalistique ne connaît pas de héros dont il peut se glorifier et qui soit comparable au Père Damien de Molokaï ».

Aujourd’hui, cette célébrité demeure. Un film lui a été consacré en 2000. Sœur Emmanuelle a témoigné lui devoir sa vocation auprès des chiffonniers du Caire. La Belgique l’a élevé au rang de héros national. Sa statue représente même l’Etat d’Hawaï, au Capitole, à Washington.

Missionnaire-lépreux

Dans la multitude des hommes et des femmes de Dieu qui osèrent s’aventurer sur d’autres continents, le missionnaire de Flandres tient une place à part. Jozef De Veuster naît le 3 janvier 1840 dans une paroisse rurale de Flandres. Il est le septième enfant d’une famille de fermiers aisés. Il affiche sa vocation dès l’adolescence et prononce ses vœux perpétuels le 7 octobre 1863 dans la Congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, à Paris, dans la chapelle de la maison-mère, rue de Picpus (12e). Il prend le nom de Damien. Mais il est dit que la maladie va dicter son destin. Son frère Pamphile, déjà au couvent à Louvain, est souffrant. Il ne peut pas s’embarquer pour les îles Hawaï où sa congrégation part évangéliser. Le Père Damien saisit l’occasion.

Il est ordonné prêtre à Honolulu le 21 mai 1865. Pendant neuf ans, il arpente à pied, à cheval, à dos de mulet les terres volcaniques, baptise, catéchise, bâtit églises et écoles. Lorsque le vicaire apostolique de l’archipel demande des volontaires pour assurer des visites auprès de lépreux déportés sur l’île de Molokaï, il part avec enthousiasme, à 33 ans ! Il va trouver un peuple.

De 1873 jusqu’à 1889, il va non seulement partager à demeure leur quotidien mais s’identifier à eux, jusqu’à déclarer « nous autres lépreux ». Robuste, compatissant, tolérant, puisant ses forces dans l’Eucharistie et l’Adoration du Saint-Sacrement, il parvient à faire d’une foule de parias une communauté humaine. Une église, un orphelinat, des maisons sont construites, une route aménagée et même une fanfare créée.

En 1885, la maladie rattrape celui qui a choisi de donner « sa vie pour ses amis » (Jean, 15, 13). Matua Kamiano (frère Damien en hawaïen) meurt le lundi saint 15 avril 1889, étonnamment rayonnant. « Je me crois être, écrivait-il à son frère le 9 novembre 1887, le missionnaire le plus heureux du monde ».