« Le sommet de notre vocation : l’humble service »

Petites Soeurs des Pauvres

Longtemps responsable de la formation des jeunes Petites Sœurs dans la Congrégation, Sœur Marie-Claude assure des fonctions au secrétariat général de la maison mère des Petites Sœurs des Pauvres, à Saint-Pern, dans le diocèse de Rennes. Elle évoque la modernité du message de Jeanne Jugan.

Quels sont les visages et les missions de la Congrégation aujourd’hui ?

Que les Jeanne Jugan d’aujourd’hui soient européennes, colombiennes, indiennes ou coréennes, ce qu’elles incarnent, c’est le visage du Christ. Leur mission est unique et inséparable : être tout à Dieu et tout aux personnes âgées. L’expression « petite sœur » choisie par la fondatrice résume tout, sœur n’étant pas d’abord à prendre au sens de religieuse. Nous avons à être vraiment des sœurs pour les personnes âgées, des présences humbles et agissantes au quotidien, aux côtés de laïcs* aux compétences professionnelles. Et notre service a un but : les rendre heureuses.

Lorsque notre mère générale se rend en Océanie, c’est cet esprit de famille qu’elle retrouve. Nous avons conscience d’appartenir à une très grande famille où que nous soyons. Malades ou aînées, les sœurs gardent toute leur place. Elles continuent d’offrir leur vie.

En quoi Jeanne Jugan parle-t-elle aux chrétiens de notre temps ?

Elle parle aux chrétiens mais pas seulement. A son époque, déjà, cette humilité du serviteur qu’évoque Benoît XVI dans l’encyclique Deus caritas est, touchait beaucoup de gens. Sa manière de soigner les personnes âgées également était très différente des hospices de l’époque, ce qui lui attira des bienfaiteurs et des bénévoles, bien au-delà des cercles catholiques. En Angleterre et en Ecosse, son action était soutenue par des méthodistes ainsi que des anglicans. Son action a une extraordinaire portée œcuménique et interreligieuse.

Aujourd’hui encore, je suis touchée de voir en Algérie le soutien de la population, sachant que nos maisons y prennent soin de musulmans comme d’hindous en Inde. Nous accueillons des personnes de toutes confessions chrétiennes, de toutes religions et des personnes sans religion car notre conviction est d’accueillir en elles le Christ. Par ailleurs nous sommes attentives à tout ce que ces personnes peuvent apporter à la société et à l’Eglise. Leur accorder de la valeur jusqu’au bout en les intégrant et en leur offrant en fin de vie une atmosphère de paix et de dignité, c’est très actuel.
 

Comment une congrégation dont la vocation est l’effacement vit-elle un moment exceptionnel tel que cette canonisation ?

C’est une grande joie que nous vivons avec notre famille élargie. Non pas le fait que les petites sœurs soient à l’honneur à la basilique St Pierre à Rome mais parce que c’est l’occasion de mettre les personnes âgées en valeur. Au-delà de nous, l’important, c’est cette promotion des aînés et la gloire de Dieu. Et au-delà de nos œuvres sociales, notre témoignage de la « merveilleuse épiphanie de la tendresse de Dieu pour la terre », selon la belle expression d’Eloi Leclerc dans son livre « Jeanne Jugan. Le désert et la rose ».

*L’association Jeanne Jugan (laïcs associés) offre l’opportunité à des hommes et femmes de participer à sa mission d’hospitalité et de rayonner son charisme dans toute leur vie.