» Se poser quelques garde-fous  » par Koz

koz_portraitTémoignage de Koz pour l’opération « Toile de Miséricorde », lancée par l’Eglise catholique, pour la 50ème Journée mondiale de la Communication, dimanche 8 mai 2016.

« Koz » est aussi connu sous le nom d’Erwan Le Morhedec, avocat dans « la vraie vie ». En 2005, à la suite du débat à propos du Traité établissant une Constitution pour l’Europe, il décide d’ouvrir un blog, lui permettant ainsi une prise de parole nouvelle. Politique, société, le véritable enjeu à son sens est d’être présent. Réussir, convaincre, il estime que cela ne lui appartient pas.

Soyons clair : je n’ai jamais entendu qui que ce soit se référer à moi et à ma pratique sous le vocable de « Koz le Misécordieux », encore moins « lent à la colère et plein d’amour », ce qui est certes inégalable mais devrait rester un objectif – il arrive malgré tout à certains de me trouver patient. De fait, nous arrivons tous sur les réseaux avec nos propres tempéraments et la nature des réseaux n’est pas forcément faite pour nous pousser à la paix et à la miséricorde. Lorsqu’un interlocuteur qui ne dévoile ni son nom ni son visage surgit pour vous interpeller ou vous invectiver, la réaction spontanée peut être éruptive.

Pour autant, j’ai essayé de poser quelques garde-fous. Dès la création de mon blog, en 2005, j’ai souhaité mettre en place une forme de charte de participation proscrivant évidemment l’insulte mais également la prise à partie personnelle, ayant trop conscience du potentiel de dérive des débats sur le web. J’interviens en modération pour le rappeler visiblement, et pas uniquement pour retirer un commentaire, sans explication.

Sur Facebook comme Twitter, je m’interdis l’insulte, c’est bien la moindre des choses. Mais, de fait, je l’interdis aussi aux autres : j’estime ne pas avoir à discuter avec celui qui m’insulte. Je considère que, même si un échange véritable permettrait peut-être de dépasser cette étape, nous atteignons les limites de la pratique en ligne : ce n’est pas avec les réseaux que l’on peut y parvenir. Je m’efforce aussi d’éviter l’ironie blessante, personnelle. Je me suis réfréné dans la pratique des tweetclashes, c’est-à-dire en somme des empoignades sur Twitter qui s’accordaient à mon goût de la controverse mais qui contribuent à un climat de tension permanente. Je préfère cesser de suivre une personne avec laquelle je suis en désaccord systématique et dont le moindre tweet me fait bouillir. J’essaie de me tenir à l’écart des curées : je ne prétends pas ne jamais succomber, et ne jamais y aller de mon propre tweet indigné, mais j’essaie d’être attentif à ne pas me joindre aux hurlements de la meute. Avoir acquis une petite visibilité me conduit aussi à ne pas oublier que derrière une personnalité publique, il y a une personne. Ceci ne m’interdit pas d’être parfois vif mais, je l’espère, uniquement à l’encontre des convictions et positions, non des personnes.

Je suis aussi soucieux d’être responsable dans ma propre diffusion d’information. Nous ne pouvons pas vérifier tout ce que nous diffusons, mais nous pouvons éviter des erreurs grossières. Retweeter ou partager n’est pas un acte anodin, mais cela m’engage comme l’un des maillons d’une chaîne de diffusion.

Il me paraît aussi nécessaire de rééquilibrer le tableau général : savoir contrebalancer l’indignation et la dérision permanentes par la diffusion d’initiatives constructives et positives. Il peut m’arriver aussi dans cet esprit de partager des tweets ou statuts plus anodins, sur la vie simple et tout bonnement réelle. Et enfin, patte blanche : je suis abonné @pontifex_fr (et @pontifex_ln, par souci esthétique).

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