Pré-Synode : 300 jeunes réunis à Rome

Ils sont plus de 300 : délégués par les conférences épiscopales, les mouvements, les congrégations religieuses…. Aucun n’a voulu manquer ce rendez-vous. Grâce au web et aux réseaux sociaux, ceux qui se sont retrouvés à Rome sont connectés avec 15 000 autres jeunes dans le monde entier. Leur principal souhait : qu’on les écoute. Par Romilda Ferrauto.

19 mars 2018 : Message du Pape François à l’adresse des 300 jeunes venus du monde entier pour suivre la rencontre du pré-synode des jeunes, au Collège Pontifical International "Maria Mater Ecclesiae" à Rome, Italie. March 19, 2018: Pope Francis speaks to young during the opening of the work of the pre-synod of young people 2018 at the pontifical international college Mater Ecclesia in Rome, Italy.

Ils sont venus le redire mardi devant les journalistes par la voix de leurs représentants : sept jeunes sagement alignés aux côtés du cardinal Baldisseri, Secrétaire général du Synode : une burundaise, un séminariste chaldéen venu de Mossoul en Irak, un japonais non chrétien, une mexicaine, un nigérian, un polonais, une sud-africaine…. J’avais peur de ne pas pouvoir dire ce que je pense, de ne pas avoir le droit de critiquer ouvertement les erreurs de l’Église, confie l’un d’eux. Mais j’ai tout de suite compris que je me trompais…..

Les paroles prononcées par le pape François à l’ouverture des travaux, lundi matin, les ont beaucoup touchés, encouragés. Car le Saint-Père leur a dit ce qu’ils espéraient entendre : d’avoir le culot d’exprimer ce qu’ils ont sur le cœur, sans se gêner ; mais aussi de savoir oser des sentiers nouveaux, d’avoir le courage de prendre des risques. Ce pape vit dans le monde, réagit une jeune participante avec enthousiasme. Cette jeune fille a surtout aimé ses propos sur la prostitution, sa condamnation ferme de l’exploitation des femmes. Il m’a paru sincère, souligne-t-elle.

Beaucoup s’éloignent de l’Église

Et les jeunes l’ont pris au mot : ils ont parlé ouvertement des problèmes qu’ils affrontent au quotidien : comment parvenir à fonder une famille, la blessure procurée par le divorce de leurs parents, la précarité économique, la tiédeur d’une Église dont beaucoup s’éloignent, la peur de s’engager, le manque d’opportunités.

Les participants au pré-synode proviennent de contextes différents et leurs environnements politiques, culturels et sociaux s’invitent inévitablement dans les discussions : en Irak, le problème c’est l’insécurité, le terrorisme ; les chrétiens ont peur ; ceux qui sont partis voudraient revenir mais ils n’osent pas….Le Japon, à l’autre bout du monde, est confronté au phénomène des Hikikomori, les jeunes qui s’enferment dans leur chambre dans un isolement total…et puis il y a la mort par épuisement, un risque professionnel dans une culture jusqu’au-boutiste…

Un message clair et universel

19 mars 2018 : Le Pape François pose avec les jeunes venus du monde entier pour participer à la rencontre du pré-synode des jeunes, au Collège Pontifical International "Maria Mater Ecclesiae", Rome, Italie. March 19, 2018: Pope Francis pose for a photo at the end of a pre-synodal meeting with young people at Collegio Maria Mater Ecclesiae, Rome, Italy.

Alors quel genre de document final peut-on attendre d’un tel forum ? Nous nous efforçons de concilier nos idées pour offrir au pape un message clair, répond une jeune burundaise. L’exercice n’est pas simple, mais ce pré-synode est un espace de dialogue, et c’est déjà très bien. Reste à savoir si leur contribution sera prise en compte par les évêques au mois d’octobre ? Ne risque-t-elle pas de rester lettre morte ? Ceux qui s’expriment sont confiants ; et en attendant, ils parlent sans filtre, comme le leur a conseillé le pape. L’Église doit guider les jeunes désorientés dans une société éclatée, affirme l’une d’entre eux. Elle doit accompagner les jeunes séminaristes trop souvent abandonnés à eux-mêmes, s’insurge un autre. Les évêques doivent comprendre que les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas comme eux, mais qu’ils ne sont pas mauvais pour autant, ajoute un troisième. Il faudra surmonter la méfiance et les préjugés réciproques. L’Église semble prête à relever le défi.

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