Rencontre des directeurs nationaux de la Pastorale des Migrants en Europe

On sait l’importance que le pape François attache à la question cruciale mais ô combien sensible des migrants. Le vendredi 22 septembre, il a encore enfoncé le clou en exprimant, en termes vigoureux, sa préoccupation face aux signes d’intolérance, de discrimination et de xénophobie que l’on constate dans différentes parties de l’Europe. Devant les Directeurs nationaux de la pastorale des migrants, réunis à Rome sous les auspices du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe,  le Saint-Père est allé encore plus loin en affirmant que les communautés catholiques européennes n’étaient pas exemptes de réactions de défense et de rejet. Il a critiqué sans détours ceux qui justifient ces attitudes par un prétendu « devoir moral » de sauvegarder l’identité culturelle et religieuse originelle. Le malaise si perceptible en Europe est certes dû à la crise économique, à la composition des flux migratoires mais surtout il révèle les limites du processus d’unification de l’Europe. Au risque de s’exposer aux critiques, le pape François a noté que l’Église avait essaimé dans tous les continents grâce à la « migration » des missionnaires. Le Souverain pontife suggère aux Églises d’Europe une série de pistes d’action. L’arrivée des migrants est, pour elles, une occasion de réaliser pleinement leur catholicité et de développer un dialogue œcuménique et interreligieux sincère et enrichissant.

21994195_373593173075447_1365575022818964228_oA l’initiative de la CCEE, les directeurs nationaux de la Pastorale des Migrants des différentes conférences épiscopales d’Europe se sont retrouvés à Rome, du 21 au 23 septembre 2017. Le pape François s’est adressé à la cinquantaine de représentants le 22 septembre.

Au cœur de la rencontre : l’audience avec le Saint-Père au Vatican. Dans son discours aux participants, le pape François a rappelé que « l’Église entend rester fidèle à sa mission : celle d’aimer Jésus-Christ, l’adorer et l’aimer, en particulier dans les plus pauvres et abandonnés ; les migrants et les réfugiés font certainement partie de ceux-ci ». Il a exprimé sa préoccupation devant les signes d’intolérance, de discrimination et de xénophobie – réactions dont « nos communautés catholiques en Europe ne sont pas exemptes ».  Mais « l’Esprit, j’en suis certain, nous aide encore aujourd’hui à conserver une attitude d’ouverture confiante qui permet de dépasser toute barrière, de franchir tout mur. » La réponse pastorale aux défis migratoires contemporains doit s’articuler autour de quatre verbes : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer », comme développé dans le message pour la Journée Mondiale du Migrant et Réfugié 2018. Pour l’Église, l’arrivée des frères et sœurs dans la foi est une opportunité de réaliser pleinement sa catholicité, sans oublier que les flux migratoires constituent « une occasion privilégiée d’annoncer Jésus-Christ et son Évangile » et « de témoigner concrètement de la foi chrétienne dans la charité et dans un profond respect des autres expressions religieuses. »

Les remerciements cordiaux du Saint-Père pour l’engagement des Pastorales des Migrants d’Europe signifient un encouragement pour toutes les initiatives ecclésiales auprès des migrants, portées par de nombreuses paroisses, collectifs et individus.

Travail avec la section « Migrants et réfugiés » du nouveau dicastère

Pendant le temps de travail avec la section « Migrants et réfugiés » du nouveau Dicastère pour le développement humain intégral, les délégués nationaux ont pu connaître le fonctionnement et les priorités du dicastère, comme l’implication dans la préparation du « Global compact 2018 » (Pactes mondiaux) visant à adopter de nouvelles politiques internationales pour les migrants et les réfugiés, ou le soutien des acteurs dans les différentes conférences épiscopales.

La présentation d’une enquête récente sur la thématique migratoire, réalisée par la CCEE, et les différentes contributions des délégués ont pointé des défis communs : la sensibilisation à l’ouverture envers les migrants, les bonnes pratiques dans l’accueil et l’intégration, un accompagnement pastoral adapté. Elles ont mis en lumière également la diversité des réalités, allant de l’Islande jusqu’en Turquie, du Portugal jusqu’en Russie, avec des approches culturelles différentes et des défis particuliers comme la situation très minoritaire de L’Église dans certains pays ou les restrictions à la liberté religieuse. Les partages et débats étaient ainsi une expression concrète du chemin de communion dans la diversité sur lequel la Pastorale des Migrants est engagé.

La rencontre s’est conclue avec une visite dans le centre d’accueil San Saba, géré par l’association Centro Astalli des Jésuites à Rome. Occasion d’écouter le témoignage d’un jeune réfugié camerounais – un visage concret représentant les vies de tant d’autres migrants et réfugiés.

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