La « catho » de Lyon va ouvrir une nouvelle ère

Père Thierry Magnin et le Général Gilles Barrié

Père Thierry Magnin et le Général Gilles Barrié

Le message évangélique « Frères, vous avez été appelés à la liberté » (Épître de Saint Paul aux Galates 5, 13) est en train de s’inscrire dans la pierre dans le diocèse de Lyon avec la construction, en lieu et place des anciennes prisons St-Paul et St-Joseph, d’un Campus universitaire et de commerces et bureaux dédiés au vivre ensemble. Par Chantal Joly.

En ce début d’automne estival, sur le chantier du site « La vie grande ouverte » qui englobe les deux îlots St-Paul et St-Joseph, le soleil s’invite largement par les vitres des façades et les verrières déjà posées et blondit la pierre dorée et sablée de l’ancienne rotonde de la prison St-Paul. Côté Perrache, un établissement d’enseignement supérieur, côté Rhône, un ensemble immobilier qui s’articulera autour de la mixité sociale, de la solidarité et de l’intergénérationnel (logements pour étudiants et personnes en précarité de santé, bureaux de la Fondation Habitat et Humanisme….). « C’est ça « la vie grande ouverte » : la lumière à la place de l’enfermement, lumière du soleil mais aussi lumière du savoir, du savoir-faire et du savoir être qui est tout notre job d’universitaire », commente le Père Thierry Magnin, le recteur de l’Université catholique.

Une nouvelle page du catholicisme lyonnais

« Les études ont été bien réalisées. Le gros œuvre s’est bien passé, il n’y a pas de retard dans les travaux. Les grues sont parties et les maçons quasiment. Les entreprises de finition interviennent progressivement », annonce Philippe Théophane, responsable travaux et logistique du campus St-Paul. Dans certaines salles du futur bâtiment de l’ESDES (l’École de Management) les peintres et les électriciens sont au travail. Quelques sanitaires sont terminés, égayés de beaux carrelages couleur caramel ou vert amande. Il faut un peu d’imagination pour concevoir ailleurs dans les gravats et les kilomètres de câbles les futurs jardins avec terrasses en bois, la salle de restauration, les laboratoires, la bibliothèque, les locaux de la radio RCF, les passerelles qui relieront les bâtiments, etc. Par contre, on commence à visualiser la grande rue transversale de l’entrée principale et ce que sera le futur amphithéâtre de 500 places.

Bien sûr, les exigences (sécurité, Haute qualité environnementale) et les techniques sont celles du XXIème siècle : des ascenseurs un peu partout pour l’accessibilité des handicapés, une thermofrigopompe pour la production de chaleur et de froid raccordée sur l’eau du Rhône à 4 m en profondeur, des cellules photovoltaïques à la place d’interrupteurs pour les économies d’énergie, des matériaux PVC pour les salles de cours et les bureaux, etc. À sa modeste échelle, le chantier s’apparente malgré tout à celui des bâtisseurs de cathédrale : même « Parabole des Talents » appliquée aux métiers du bâtiment et même impression de participer à une construction qui répond aux plus hautes aspirations. « C’est une manière d’écrire à travers une Histoire nouvelle une page du catholicisme lyonnais, de par le sens qu’a ce projet ainsi qu’au travers des alliances qu’il permet », commente le P. Magnin.

Un développement maîtrisé

Nouvelle page car nouveau site. C’est en effet à la porte du quartier émergent « La Confluence », à l’extrémité sud de la presqu’île, qu’à la prochaine rentrée, 7000 étudiants investiront le campus St-Paul, à 700 m du Campus Carnot (ouvert en 2005), tandis que le site historique de la place Bellecour sera abandonné.

« Une étude très fouillée de la rénovation des locaux actuels avait été menée mais c’était difficile en raison des coûts pour répondre aux normes de sécurité et parce qu’il aurait fallu travailler en site occupé », explique le Général Gilles Barrié, président de l’AFPICL (Association des Fondateurs et Protecteurs de l’Institut Catholique de Lyon).

Après la vente d’une dizaine d’immeubles anciens, le redéploiement total de l’immobilier sur deux sites sera donc effectif dès 2015. « Nous connaissons une croissance très forte depuis une dizaine d’années mais le gain en terme de place du nouveau campus reste modeste car nous tenons à un développement maîtrisé, pas plus de 130 étudiants par promotion, pour pouvoir vivre un accompagnement personnalisé, ce qui fait notre qualité première. Si on perd cette approche humaine, on a raté le coche », déclarent de concert le recteur et le président de l’AFPICL.

En 2012, entre 100 à 200 personnes étaient présentes aux réunions de présentation du projet et lors des Journées du Patrimoine, 10.000 Lyonnais avaient afflué pour la visite. « Le livre d’or de ce week-end est signifiant avec de magnifiques fioretti, y compris d’anciens détenus. Ce fut une opération de passage au sens fort de Pâques. On a honoré la vie qui fut celle de ces lieux mais on ne parlera plus de la prison St- Paul. Ce n’est pas pour balayer le passé dont on garde mémoire en conservant 40% des anciens bâtiments, mais on passe à une autre dimension », insiste P. Thierry Magnin.

 

catho_lyon_tourCompte à rebours

Mai 2009 : La Préfecture lance un appel à idées pour imaginer la reconversion des prisons St-Paul et St-Joseph.

– Novembre 2010 : Le projet baptisé « La vie grande ouverte » du groupement dont fait partie l’Université Catholique est désigné lauréat.

– 2012 : Avril dépôt du permis de construire, octobre acquisition du terrain.

– Fin 2012 : Lancement du chantier.

– 2015 : Le 12 mai, réception des travaux ; le 8 octobre (sous réserve) inauguration et dans l’année, parution d’un beau livre de photos pour raconter l’Histoire des 140 ans de la « catho ».

– Vers 2018-2020 : Percement d’une traversée sous la gare de Perrache avec des bâtiments aérés et transparents qui permettront de relier les deux campus.

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