Il est même extrêmement vivant ! On circule énormément entre Aix et Natitingou. Les évêques successifs de Natitingou sont venus régulièrement à Aix. Mgr Bernard Panafieu, à l’origine du jumelage, ainsi que mon prédécesseur, Mgr Claude Feidt, se sont rendus à Natitingou. Pour moi, ce sera ma première visite en terre béninoise mais près de la moitié de mon presbytérium a déjà fait le voyage. Il faut dire que nous avons bientôt trente ans de liens.
Un séminariste du diocèse y est parti en coopération. Certains laïcs s’y rendent tous les ans et restent parfois plusieurs semaines pour différents services. Quant au clergé de Natitingou, l’an dernier, pas moins de 14 prêtres sont venus assurer un service pastoral en Provence durant l’été. Un séminariste de Natitingou est également en formation au séminaire d’Aix et le Père Mathurin Konigui a été envoyé ici il y a deux ans comme missionnaire. J’envisage du reste, pour que ce soit un véritable échange, d’envoyer à mon tour un prêtre en tant que Fidei Donum.
A l’échelon des paroisses, progressivement, des paroisses de Natitingou se sont jumelées avec 13 paroisses ou unités pastorales du diocèse. En ce qui concerne la vie religieuse, en 2006, les Bénédictines de Notre-Dame de Fidélité, de Jouques, ont fondé à Natitingou. S’agissant des Mouvements, des scouts du diocèse se rendent régulièrement au Bénin pour des camps et mon homologue, l’évêque de Natitingou, Mgr Pascal N’Koue, me presse d’envoyer quelqu’un pour soutenir l’encadrement du scoutisme en train de naître. C’est en projet. Par ailleurs, l’Enseignement catholique est particulièrement impliqué dans ce jumelage.
 

En 2010, deux containers chargés de 66 m3 de matériel (dont le toit en bois de l’église du monastère Notre-Dame de l’Ecoute de Perporiyakou), ont été acheminés au Bénin par le biais de l’association Provence-Atakora, créée dans ce but. Ce soutien matériel est absolument indispensable vis-à-vis d’un diocèse dont le clergé était jusqu’en 1999 encore pour moitié d’origine française et européenne et qui aujourd’hui est entièrement autochtone et, par conséquent, ne bénéficie plus des fonds missionnaires. Assurer cette continuité s’avère donc absolument indispensable, indépendamment, bien sûr, de notre entraide spirituelle réciproque.
 

Un apprivoisement mutuel naît de la force de cette rencontre. Lorsque j’organise la rencontre destinée à relire le service pastoral des prêtres béninois ayant servi dans nos paroisses l’été, je suis témoin de toutes les surprises, de toutes leurs découvertes. Quant aux Français de souche qui ont parfois de la difficulté à accueillir l’étranger, ils découvrent les richesses et les trésors de la culture et de l’Eglise d’Afrique, en particulier sa fraîcheur, sa jeunesse. Dans le diocèse de Natitingou, les chrétiens ne sont qu’une minorité, entre 5 à 10% de la population. Mais ce pourcentage est en augmentation constante. En 1999, on comptait 22 prêtres incardinés. Aujourd’hui, ils sont plus de cinquante et trois nouveaux prêtres seront ordonnés le 12 novembre. C’est une jeune Eglise qui nous apporte son souffle.
 

J’ai été très marqué par ses mots en 2009 au Cameroun, juste avant le Synode pour l’Afrique lorsqu’il a évoqué « le continent de l’espérance ». Il a choisi la patrie d’un grand serviteur de l’Eglise, le cardinal Bernardin Gantin, pour remettre l’exhortation apostolique faisant suite au Synode. Personnellement, j’ai un désir : que les évêques d’Afrique lancent à la jeunesse catholique du monde le défi de l’espérance pour notre planète et pour notre humanité. Pas forcément en accueillant tous les jeunes sur leur sol mais en réinventant dans chaque pays les Journées Mondiales de la Jeunesse, peut-être avec les Africains qui y résident. C’est un de mes grands rêves.