Mère Saint-Louis, une vie marquée par la Croix
A première vue, sa vie de mère et d’épouse est une suite de malheurs. Pourtant, sans doute vers 1784, elle reçoit un appel particulier à porter la Croix du Seigneur. Ce sera son « Pacte avec la Croix » dont elle fait part au curé de sa paroisse, l’abbé de Pancemont. « Mon pays m’a persécutée, je l’ai haï » écrira-t-elle avant de poursuivre « L’Esprit Saint a allumé en moi un incendie d’amour ». La miséricorde a transcendé son destin.
Ses enfants installés, elle se pose la question du choix d’un état de vie. Alors qu’elle aspire à la vie contemplative, l’abbé de Pancemont décèle en elle un charisme de fondatrice. Elle accepte alors de fonder à Paris un monastère qui allierait contemplation et service de la charité, en venant en aide aux femmes fragilisées par la Révolution.
Nouveau rebondissement ! Nommé évêque à Vannes en 1802, Mgr de Pancemont l’appelle à le rejoindre pour fonder une œuvre d’éducation pour les jeunes filles qu’il voit errer sur le port de Vannes. A travers elles, c’est le Christ souffrant qu’elle servira. La congrégation des Sœurs de la Charité de Saint-Louis naît le 25 mai 1803 à Vannes. En 1825, à la mort de Mère Saint-Louis (son nom en religion), 56 religieuses ont fait profession dans la congrégation, 4 maisons sont consacrées à l’éducation des enfants et à la formation spirituelle.
600 religieuses présentes dans une dizaine de pays
Supérieure générale des sœurs de la Charité de Saint-Louis, Sœur Marie-Nicole Jego témoigne qu’une dévotion pour la fondatrice a toujours existé dans la congrégation, à travers des neuvaines par exemple. « Elle ne voulait pas qu’on parle d’elle ! » témoigne-t-elle. Pourtant son charisme guide 120 sœurs en France et a attiré une vingtaine de novices dans le monde. Il s’est déployé auprès de 500 laïcs (partenaires, amis de la congrégation, associés).
Aujourd’hui encore, sa « trampe de bâtisseur » soutend l’action de Joëlle Duquesnoy, chef d’établissement du nouveau lycée Notre-Dame de la Compassion – Louise-Elisabeth Molé à Jouy-le-Moutier (95). A travers son projet éducatif rédigé par l’ensemble des enseignants, c’est l’accueil de tous qui est visé : enfants handicapés mentaux, jeunes déscolarisés ou en transit (partenariat avec la Croix-Rouge). Joëlle Duquesnoy souligne d’ailleurs la modernité des idées de Mère Saint-Louis en matière d’éducation. A la rentrée prochaine, une « année de la béatification » guidera la dynamique pastorale de cet établissement de l’Enseignement catholique.
Un témoignage pour la Bretagne
Des soeurs de toutes les provinces de la congrégation participeront à l’événement précédé le 26 mai par une conférence du cardinal Paul Poupard, Président émérite du Conseil Pontifical pour la Culture, et suivi d’une messe d’action de grâce à la cathédrale de Vannes, le 28 mai. Le 27 mai 2012, la femme, l’épouse et la fondatrice seront (enfin) réunies sous le même nom : « Bienheureuse Mère Saint-Louis » !