Les femmes chrétiennes prient pour les étrangers

Œcuménique, la prochaine Journée mondiale de prière des femmes (JMP) propose, le vendredi 1er mars, une célébration autour de l’accueil de l’étranger. Après la Malaisie en 2012, le comité national français a pris en charge, cette année, la préparation de ce temps fort de partage et de communion au-delà des frontières. Rencontre avec Odile Leleu, présidente de la JMP France.
 

Comment le thème de la Journée mondiale de prière 2013 a-t-il été choisi ?

Le siège de notre mouvement international se trouve à New York. Tous les quatre ans une assemblée mondiale décide des thèmes des célébrations à venir. Elle désigne aussi les pays qui vont préparer la célébration et rédiger les prières. La France s’est portée candidate il y a longtemps. En 2008, elle a été appelée pour préparer ce temps fort de 2013. Le thème nous a été donné : « J’étais étranger et vous m’avez accueilli » (Matthieu 25, 31-46). Je suis active dans le mouvement depuis 1990, et à chaque fois je réalise à quel point le thème choisi correspond vraiment au pays qui est en charge de la célébration. L’an dernier, les femmes de Malaisie nous ont fait réfléchir autour de la justice. L’an prochain, les Égyptiennes proposeront une méditation sur les « Sources d’eau dans le désert ».
 

Comment vous êtes-vous saisies de ce thème de l’accueil ?

Le comité national français a fait un appel aux volontaires lors de notre assemblée générale d’octobre 2010. Trente-six femmes, de toute la France et représentatives de toutes les familles chrétiennes (méthodistes, évangéliques, luthériennes, membres de la Fédération des protestants de France, catholiques, membres de l’Armée du Salut, etc.) ont répondu présentes. Nous nous sommes réunies pendant trois jours à Paris avec la secrétaire internationale afin de nous immerger dans le thème, puis nous nous sommes réparties le travail de préparation en ateliers pendant de deux ans. La France est considérée depuis longtemps comme une terre d’asile mais la question est aussi d’ordre politique. Face à l’actualité, retours aux frontières, campements de migrants, etc., nous avons vraiment beaucoup réfléchi aux orientations à donner et nous ne voulons ni juger ni culpabiliser. En plus de la phrase d’Évangile « J’étais étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25, 31-46), nous avons médité le Lévitique (chap. 19) qui précise la conduite à tenir face aux étrangers. Ici, en France, aussi bien que sur tous les continents : tout le monde est concerné ! C’est l’approche que nous avons adoptée, car nous sommes tous « étrangers et voyageurs sur terre ».
 

Qu’est-ce qui caractérise la célébration du 1er mars prochain ?

Dans la vie quotidienne, à tour de rôle, j’accueille ou je n’accueille pas, je suis accueilli ou pas, j’accepte d’être accueilli ou pas. Sept témoignages véridiques de situation d’accueil ponctuent la célébration. Ceux qui sont négatifs s’inscrivent dans la démarche de demande de pardon. Les positifs nourrissent l’action de grâce. Nous avons essayé de rendre concrète la Parole d’Évangile, en pensant particulièrement à nos sœurs africaines ou d’Océanie qui vont prier avec notre livret. Comment ce thème résonne-t-il pour elles ? Qui est l’étranger pour elles ? L’étranger, c’est l’autre : c’est celui qu’on ne connaît pas. Dans l’équipe de préparation, chacune a une approche différente. Mais nous sommes toutes d’accord sur la difficulté à mettre en pratique la Parole. Après plus de deux ans de préparation, notre regard a changé sur l’étranger, sur celui qui est à notre porte, personne de couleur ou de langue différente, sans domicile fixe, etc. Il reste beaucoup de travail : il s’agit de reconnaître l’image du Christ dans l’autre !
 

Quels outils proposez-vous aux différents lieux de célébration ?

La Journée mondiale de prière sera célébrée dans plus de 300 lieux en France et dans 170 pays différents. Selon notre devise « s’informer, prier, agir », nous avons préparé un dossier d’informations sur la France pour les autres pays et un point sur la situation des femmes et des femmes étrangères en France pour nos équipes locales. Le livret de la célébration, celui des ateliers pour les enfants, ainsi que les études bibliques sont disponibles. De même qu’un CD de musiques et de chants, des affiches, tracts et cartes postales réalisés par une jeune artiste de Pontarlier, lauréate du concours que nous avions lancé. Enfin nous proposons des idées pratiques pour le geste d’offrandes et pour présenter les six projets de solidarité et de proximité que nous soutenons. Être à l’origine de cette réflexion et avoir la responsabilité d’aider des hommes et des femmes à prier de par le monde nous donne le vertige. C’est une chance et un défi. Nous espérons pouvoir apporter une once d’accueil dans tous les pays du monde.
 

Six projets soutenus avec l’offrande 2013 de la JMP

– Avec le DEFAP, Service protestant de la Mission, Île de La Réunion : création d’un centre d’accueil pour femmes battues et filles mères et création d’un lieu de culte.
– Avec l’Armée du Salut, Poste des Lilas, Paris XXe : réaménagement de la garderie des enfants (0 – 3 ans), accompagnement des mères.
– Avec le Mouvement du Nid, France : accompagnement des personnes prostituées, actions de prévention et d’information.
– Avec CASAS, Collectif pour l’Accueil des Solliciteurs d’Asile à Strasbourg : accueil des étrangers, accompagnement des demandeurs d’asile.
-Avec le Centre social Foyer Fraternel, Bordeaux : accueil des pauvres, lutte pour la dignité et l’intégration, ateliers de français, insertion sociale et professionnelle.
– Avec la Fraternité de la Mission populaire évangélique de France, les Amis de la Maison verte, Paris XVIIIe : accueil des femmes étrangères et de leurs enfants, lutte contre le sida.

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