L’évolution du champ de la réflexion est le premier point sur lequel l’évêque d’Angoulême, Mgr Claude Dagens, a souhaité attirer l’attention. En effet, le terme « évangélisation » s’est ajouté au sujet « Indifférence religieuse, visibilité de l’Eglise ». « Le plus important, ce n’est pas seulement d’analyser les causes et les effets de l’indifférence religieuse ou les formes de la visibilité de l’Eglise, a-t-il déclaré, c’est de vivre la nouveauté chrétienne et d’en témoigner dans notre société telle qu’elle est, sécularisée et fragile ». Il a poursuivi en soulignant que « les attitudes d’indifférence, avec leur diversité, n’excluent pas des attentes spirituelles (…). La réalité chrétienne est surtout méconnue ».

Il a précisé que son travail était l’invitation à « un acte de discernement spirituel qui peut et doit conduire à des attitudes pastorales ». Il a incité ses frères évêques à porter un regard neuf sur les échanges précédents qui avaient vu émerger inquiétudes et raisons d’espérer. « Qu’est-ce qui émerge au-dedans même de ce qui s’efface ? interroge-t-il aujourd’hui. C’est le cœur même du paradoxe chrétien : la puissance du Christ dans la faiblesse humaine, les nôtres et celles de l’Eglise ». Il a conclu : « Autrement dit, au-delà des difficultés auxquelles nous nous heurtons, il nous est demandé d’être nous-mêmes, et même de reconnaître positivement, que l’inspiration chrétienne, puisée dans la vérité du Christ, peut s’inscrire dans notre société en perte de repères ».

Enfin l’évêque académicien a abordé l’identité catholique dans la société française. Il en a explicité les éléments essentiels : « le lien à la Tradition catholique, l’appartenance effective à l’Eglise, la capacité de dire à d’autres ce que nous croyons ». Il a notamment insisté sur le baptême, source de la Tradition et qui est « comme la foi chrétienne » : « un acte de liberté, et non pas un conformisme social ». « Souvent aussi, nous sommes muets, a-t-il regretté au sujet de la difficulté à témoigner. Nous ne savons pas parler, ou nous craignons de ne pas être écoutés ou respectés ».

Evêque de Saint-Brieuc et Tréguier depuis 1992, Mgr Lucien Fruchaud s’est senti invité par le texte à un déplacement dans le regard qu’il porte sur sa mission. Il a fait part de son étonnement face à ce que la foi engendre dans un contexte d’épreuves. Il s’est interrogé sur l’image que l’Eglise diocésaine donne d’elle-même à travers les pardons bretons, par exemple. L’évêque souhaite proposer cette grille de relecture aux personnes en responsabilité dans son diocèse. Il a également soulevé la question de la visibilité de l’Eglise dans le monde de la culture.

Ordonné archevêque de Chambéry, Maurienne et Tarentaise, en avril 2009, Mgr Philippe Ballot, a souligné un « sentiment d’insécurité » qui engendre une incapacité à témoigner. Il a également évoqué le patrimoine culturel de l’Eglise comme lieu possible pour une catéchèse. Prière, préparation aux sacrements et Parole de Dieu sont les moyens simples qu’il souhaite voir réinvestis par la communauté chrétienne. Il a invité chacun à se libérer des discours négatifs sur la situation de l’Eglise et à accepter la souffrance de la situation pour parvenir au « témoignage explicite » et « révéler notre source : le Christ ».