Mgr Ravel : « Entrer dans une succession apostolique »

Comment vous préparez-vous à votre ordination épiscopale ?

Mgr Luc Ravel

De deux manières. Une préparation spirituelle, un peu en toile de fond aujourd’hui, et qui va se cristalliser dans une dernière semaine de retraite à Lisieux, juste avant ma consécration. Je suis comme déjà porté intérieurement par le mot qu’une amie m’a envoyé : « Tu deviens le successeur des apôtres », chose que je connaissais déjà mais qui m’a touché. C’est une phrase qui me parle. J’ai l’impression d’entrer dans une succession apostolique, transmise par mes prédécesseurs au diocèse aux Armées, et j’espère un jour, transmise à des successeurs. Cela m’habite d’appartenir à une lignée spirituelle. Et puis je me prépare en faisant beaucoup de rencontres. Pour une part, avec ceux qui travaillent au diocèse aux Armées, pour l’essentiel les aumôniers en chef adjoints. Et d’autre part, par une série de rencontres protocolaires que je suis tenu de faire – et que je fais très volontiers – avec toutes les personnalités militaires – en particulier les chefs d’Etat-Major des Armées – et politiques, dont M. Morin, Ministre de la Défense et M. Hortefeux, Ministre de l’Intérieur, puisque la gendarmerie est maintenant à l’Intérieur. Je vais voir pour l’Elysée mais j’ai moins d’espoir d’obtenir un rendez-vous avec le chef des Armées.
 

Avez-vous prévu des visites à l’étranger ?

Avant même mon ordination épiscopale, j’ai pris des contacts avec l’Etat-Major qui organise mes missions. Si tout va bien, je célèbrerai la messe de Minuit et le jour de Noël sur plusieurs lieux en Afghanistan. Normalement, je passerai le jour de l’an au Liban. Ce sont deux lieux très symboliques pour l’Armée et la Nation française. Nous y sommes particulièrement engagés alors qu’en d’autres lieux, les Armées françaises se retirent doucement. Je pense par exemple au Kosovo. Normalement, la présence militaire française va disparaître d’ici quelques mois. Le Liban, c’est encore très intense et l’Afghanistan, on en parle tous les jours. C’est un lieu de souffrance, de préoccupation, pas seulement opérationnelle mais aussi de confiance. L’évêque aux Armées a vraiment sa place là-bas, à titre symbolique et pour redonner foi, courage et une valeur éthique à cet engagement.
 

Comment vivez-vous votre première Assemblée plénière ?

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, je ne suis pas du tout « noyé ». Peut-être parce que j’ai été prévenu et qu’au lieu de plonger dans la vague, pour l’instant, je navigue comme un surfeur. Je ne rentre pas encore dans le vif des débats mais je regarde, je passe d’une vague à l’autre, je surfe sur l’énorme matière intellectuelle et spirituelle. En revanche, je suis profondément touché par le fait que devenir le successeur des apôtres est aussi physiquement entrer dans un collège, dans une communion. Il y a deux adjectifs qui m’habitent depuis le premier jour : « affectueux » et « courageux ». « Affectueux » parce que dans les lettres que mes frères évêques m’ont écrites à ma nomination, je rencontre souvent l’expression : « Tu entres dans une fraternité ». Je la trouve incarnée à Lourdes dans l’affection de tous mes grands frères. Le mot « affection » appartient à la Bible, donc j’ose l’employer. Saint Paul nous en parle. Et puis « courageux » dans des situations diocésaines difficiles. Les problèmes que nous abordons sont des questions ardues pour la société et pour l’Eglise. Je n’aime pas beaucoup le mot « crise » parce qu’il est souvent très pénalisant mais il s’agit quand même d’épreuve, d’épreuve de la foi, avec notamment la baisse de la pratique. Je trouve qu’ils ont une manière d’aborder les choses et de parler entre eux réaliste et pleine d’espérance. On ne baisse pas les bras, on n’a pas peur, on y va.
 

Quelle sera votre devise épiscopale ?

Ma devise sera deux mots latins. En fait, ce n’en est qu’un répété, la traduction littérale de deux mots grecs que Jésus emploie  et qui donne en latin : « Est, Est ». Ce qui se traduit par « Oui, oui ». C’est un passage du « Sermon sur la montagne » de Jésus qui dit : « Que votre « oui » soit « oui », que votre « non » soit « non », tout le reste vient du démon » (Mt 5,37). Donc une espèce de consistance, de fermeté intérieure. C’est quelque chose que je vis depuis longtemps. Il vaut mieux retenir son « oui » ou son « non », sa réponse, mais une fois donnée, qu’on s’y engage de tout son poids d’humanité et de christianisme.
 

La consécration épiscopale du nouvel évêque aux Armées françaises aura lieu le 29 novembre 2009 à Notre-Dame de Paris. Elle sera présidée par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris. Puis Mgr Luc Ravel prendra possession de sa cathèdre – siège épiscopal – en la cathédrale Saint-Louis des Invalides.
 

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